Les Calédoniens, ceux qui ont dit Non à l’indépendance par trois fois, sont aujourd’hui en état de sidération. Ils découvrent en effet que de Manuel Valls à LFI en passant par Marine Le Pen, ils sont jugés coupables de tout. Et d’abord d’être des radicaux frénétiques, réfractaires aux plans qu’on leur propose, qu’il s’agisse de l’indépendance-association ou d’un référendum dans quarante ans. Ils sont coupables de n’avoir pas décolonisé, de n’avoir finalement pas dit Oui à Kanaky, d’avoir « relégué » la jeunesse kanak. Toutes ces positions jugées extrêmes font qu’aux yeux de ces responsables politiques nationaux, ils sont les vrais responsables de l’insurrection du 13 mai. Ils découvrent effarés que, non seulement, on pointe du doigt leurs convictions et leur combat, mais qu’ils sont maintenant bien seuls. Si l’on excepte celle de François-Xavier Bellamy, les visites qui se sont enchaînées depuis plusieurs semaines maintenant ont de quoi désespérer tous ceux qui avaient mis leurs espoirs et leur avenir dans les mains de la France. C’est pour cela qu’ils regardent vers Paris et vers l’Élysée avec prudence et circonspection, se demandant en effet quel sera le plan d’Emmanuel Macron pour qui, sans hésitation, la Nouvelle-Calédonie avait choisi la France. En espérant que le chef de l’État, dans le respect de la démocratie, remettra l’église au milieu du village.
Nicolas Vignoles