Sorti de détention le mardi 25 mars, un jeune homme de 18 ans a, dans les trois jours suivants, bu beaucoup d’alcool, volé de l’argent et un téléphone, il est aussi monté dans une voiture volée. Retour au Camp-Est.
« J’ai fait une sortie sèche, madame. » Comprendre : totale, sans semi-liberté préalable. Un grand saut dans le vide pour lui, fait-il remarquer à la présidente du tribunal. « Avec tous les soucis » connus au Camp-Est lors de sa détention, il raconte avoir eu besoin, à sa libération, de se changer immédiatement les idées. Comprendre, cette fois : s’enivrer. « Je ne voulais pas ramener les problèmes du Camp-Est » au domicile familial, dit-il. Alors il n’est pas rentré. « J’ai dormi dehors » dans Nouméa, confie-t-il depuis le box des prévenus. « Pour oublier tous ces problèmes, je me suis noyé dans l’alcool », insiste-t-il. Il s’excuse pour les victimes, « c’était vraiment sous l’effet de l’alcool ». Il est ainsi monté dans une voiture volée (donc poursuivi pour recel), a aussi grimpé au premier étage d’un bâtiment d’habitation où il a volé un téléphone, et toujours par escalade, dans un troisième temps (le 28 mars, les premiers faits ayant été commis les 25 et 27 mars), il a dérobé 8 500 francs en liquide (un peu moins selon son avocat).
« Quelqu’un de fragile »
Face au tribunal correctionnel ce vendredi, présenté en comparution immédiate, il demande un délai pour préparer sa défense. Le dossier sera ainsi jugé le 10 juin. En attendant, il est maintenu en détention provisoire. C’était le souhait formulé par Fabienne Coupry, vice-procureure, relevant l’imposant palmarès judiciaire (seize condamnations, dont treize pour vols) de ce « jeune » qui, « manifestement, dès qu’il est libre, commet des infractions ». Son avocat, Me Ibrahim Sy-Savané, avait plaidé pour une autre solution que le Camp-Est, disant qu’« il a besoin d’un cadre, pas d’un enfermement », car c’est « quelqu’un de fragile », ayant déjà fait « trois tentatives de suicide » dont « deux quand il était mineur », et « un séjour » en psychiatrie. Puis la période d’incarcération fut pour lui « très dure, presque traumatisante ». En sortant du Camp-Est, « il est tombé dans le piège de l’alcool », buvant « non-stop », jusqu’à son interpellation. Et le voilà, déplore l’avocat, de retour dans « l’enfer du Camp-Est ». Dommage, puisque « ses parents sont déterminés » à l’aider, même si « aujourd’hui ils n’ont pas de logement stable ». Le mis en cause avait, un peu plus tôt, expliqué avoir passé beaucoup de temps dehors quand il était jeune, du fait d’un logement familial étroit. Les mauvaises fréquentations sont vite arrivées.