Un jugement inédit en Nouvelle-Calédonie: le tribunal correctionnel a ordonné la suspension du compte Facebook d’une personne qui a diffusé une vidéo d’un policier décrochant un drapeau du FLNKS aux Tours de Magenta, en décembre dernier. Un internaute ayant dévoilé l’identité du fonctionnaire et un autre l’ayant menacé de mort ont subi le même sort.
C’est une décision judiciaire qui fera date en Nouvelle-Calédonie. Le tribunal correctionnel de Nouméa a ordonné la suspension des comptes Facebook de trois Calédoniens impliqués dans une affaire de haine et menaces de mort en ligne et de cyber-harcèlement, a constaté La Voix du Caillou au cours de l’audience du mardi 25 mars. Il s’agit d’une première sur le territoire calédonien qui marque immanquablement un tournant dans la lutte contre les « lynchages 2.0 » et les dérives des plateformes en ligne (lire l’encadré) où la violence et l’agressivité sont désinhibées, d’autant plus dans le contexte actuel de graves tensions que traverse le pays.
Le 4 décembre dernier, une vidéo d’une minute est relayée par un internaute sur son profil et le groupe « Coup de gueule Kanaky-NC ». On y voit un gardien de la paix avec un drapeau du FLNKS enroulé dans la main, qu’il vient vraisemblablement de décrocher, discutant calmement avec un jeune à l’entrée des Tours de Magenta, à Nouméa. Le post est assorti d’un commentaire ciblant « la puissance administrante » et « la politique sectaire des élus de l’extrême droite locale ». Il n’en fallait pas plus pour que les réseaux sociaux s’emballent. La vidéo devient aussitôt virale. Un énorme « buzz » qui totalise des centaines de partages et de commentaires. La haine se déverse, les insultes, les appels à la vengeance: « Le traître » ; « kanak raté » ; « bâtard de facho » ; « suceur de la France »… Une chasse à l’homme en ligne que le gardien de la paix va prendre au sérieux, d’autant plus que son identité a été dévoilée. Les menaces ne font plus plaisanter personne: « nsm les faux frères » ; « il va longer les murs » ; « ça fait les gros bras en uniforme mais le toutou en civil ».
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Jean-Alexis Gallien-Lamarche