On est le 8 mars. Comme chaque année depuis le siècle dernier, c’est la Journée internationale des droits des femmes. Malheureusement, il est probable que pour certaines ce ne soit pas une fête, mais un enterrement. Un récent rapport de l’ONU indique que dans le monde, « une femme ou une fille est tuée toutes les dix minutes par un partenaire ou un membre de sa propre famille ». Statistiquement, ce samedi, 144 mourront donc de violences conjugales ou intrafamiliales. Elles seront beaucoup plus à être blessées, parfois gravement, physiquement et psychologiquement. Combien en Calédonie ? Trop. « En 2022, lorsque 217 personnes par tranche de 100 000 habitants » étaient « mises en cause dans l’Hexagone », alertait l’an passé la Cour des comptes, il y en avait « 383 en Polynésie française » et, c’est triste, « 535 » en Calédonie. Présenté autrement : sur 1 000 personnes vivant ici, un peu plus de 5 d’entre elles frappent leur moitié, soit 0,53% de la population. C’est énorme. La justice croule sous les dossiers. Et l’on peut raisonnablement craindre que la situation économique et sociale sur le Caillou, actuelle et à venir, conséquence entre autres d’une importante et durable crise du nickel, suivie d’une crise insurrectionnelle dévastatrice, ne fasse qu’empirer une situation déjà désastreuse. Le territoire est « le champion de France des violences conjugales et intrafamiliales », entend-on régulièrement au palais de justice de Nouméa, où l’on constate régulièrement des blessures impressionnantes, causées par des coups de poing et de pied et tout ce qui passe par la main du compagnon (car c’est en grande majorité les hommes) violent : assiette, marmite à riz, sabre… Espérons que la Nouvelle-Calédonie ne devienne pas championne du monde. Elle n’a rien à y gagner, seulement des vies à perdre.
Anthony Fillet