Depuis le déclenchement des violences en 1984, la Nouvelle-Calédonie vit un peu hors du temps, dans une sorte de bulle où règne l’incertitude. Il y a peu d’endroits au monde où l’avenir est autant une denrée rare, toujours repoussée à plus tard, qu’impossible à définir. C’est le lot quotidien des Calédoniens depuis quatre décennies, et personne (notamment en Métropole) n’imagine combien cela pèse sur les cœurs et les esprits. Au fil des ans, rien n’étant jamais tranché en dépit des promesses des accords, la matrice de l’esprit calédonien est devenue le désabusement, une sorte de résilience triste. On le voit bien aujourd’hui que ça discute ferme entre les uns et les autres, sans que cela semble provoquer dans l’opinion le moindre émoi, encore moins d’enthousiasme. Ça n’est pas l’attente extatique du nouveau pari sur l’intelligence, mais celle plus morne du voyageur sans but pour un train qui n’arrive jamais. Dans toute cette grisaille, l’espoir a bien du mal à se frayer un chemin, alors même pourtant que nous en aurions bien besoin ! C’est aussi à cette responsabilité que sont convoqués nos élus négociateurs, ne pas désespérer la Calédonie, mais lui redonner par leur dialogue, la possibilité d’y croire.
* En relativité restreinte et en relativité générale, l’horizon des événements est constitué par la limite éventuelle de la région qui peut être influencée dans le futur par un observateur situé en un endroit donné à une époque donnée.
Nicolas Vignoles