Si ce n’est qu’ils discutent, et qu’ils continuent à discuter, on ne sait pas grand-chose des échanges entre délégations au Haut-commissariat, sauf quelques mots lâchés rapidement pour dire qu’ils discutent. Cette discrétion est de bon aloi et s’impose finalement dans ce genre de moment. L’époque est à la logorrhée, notamment sur les réseaux sociaux, et à cet effet n’est guère propice au travail, au sérieux et à la concentration. Il est donc bien que les membres des délégations ne s’épanchent pas sur ce qui les réunit ni sur ce qui les divise, et à ce titre on se contente d’ailleurs juste qu’ils nous assurent qu’ils discutent toujours et que les choses avancent. Discrétion et silence ont toujours été les moteurs dans ces moments où l’avenir se joue. Ce n’est que dans leurs ultimes instants que nous avons su que les négociations de Matignon comme de Nouméa avaient été conclusives. En montagne, on ne chemine ni ne grimpe en perdant son souffle dans des bavardages verbeux et inutiles : on marche. Il en est ainsi ce qui se passe maintenant au Haussariat, où les uns et les autres suivent un chemin escarpé avec l’espoir qu’il débouche sur une vallée de miel. Il faut donc attendre. Une cheminée aurait pu être posée au-dessus de la résidence, et chaque soir nous irions scruter si la fumée qui s’en échappe est noire ou blanche !
Nicolas Vignoles