La Nouvelle-Calédonie marque le retour d’un homme que l’on croyait perdu pour la politique après l’échec du « hollandisme » et sa mésaventure barcelonaise. Une Calédonie à laquelle il s’intéresse depuis ses années Rocard, jusqu’à présider une mission d’information parlementaire sur l’avenir institutionnel du Caillou. Cette connaissance du dossier (bien de gauche), lui permet sans doute de penser qu’il est l’ad hoc pour obtenir un accord qui ferait date, quand on connaît le contexte calédonien. Ça tient aussi à son caractère, si l’homme est d’un abord souriant et sympathique, il est aussi tranchant et peut se montrer peu amène, ce qui a sans doute surpris ses interlocuteurs politiques comme économiques. Il a l’ambition de l’accord qui l’inscrirait définitivement, non plus comme l’héritier, mais comme l’égal de Michel Rocard et de Lionel Jospin. Ça le poserait aussi au sein d’un gouvernement Bayrou où il fait figure de caution sociale-libérale, ajoutant aux paradoxes dont il est pétri. Mais il fallait sans doute un homme de cette trempe pour donner le top départ, au moment où le 13 mai, plus encore sans doute que les accords, est devenu le socle des discussions sur l’avenir. Déterminé pour lui-même, et pour la Calédonie, à être « à la hauteur », il a quelques jours devant lui, bien peu, pour poser un avenir qui convienne à tous. Notamment à ceux qui veulent ici demeurer Français en France. C’est le « green fee » pour entrer dans l’Histoire.
Nicolas Vignoles