Au Sénat coutumier, Manuel Valls a réaffirmé l’existence du « peuple premier ». Une expression pourtant largement dénoncée par les non-indépendantistes.
C’est un passage obligatoire. Après les hommages militaires, Manuel Valls a pris la direction de Nouville, et plus précisément du Sénat coutumier, afin de procéder à la traditionnelle coutume. Et, face aux différents représentants des aires coutumières, il espère trouver « la force et la sagesse pour réussir ce dialogue, ce compromis et ce consensus qui sont indispensables pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie ». Et, une nouvelle fois, le ministre des Outre-mer a mis en avant le « peuple premier ». « Rien ne peut se passer sans un profond respect vis-à-vis du peuple mélanésien, du peuple kanak et du peuple premier. Il y a bien un peuple premier », a-t-il martelé, avançant également un « enracinement profond que tout le monde doit respecter ».
Des divergences profondes
Une vision forcément contestée par les non-indépendantistes, notamment Nicolas Metzdorf, et qui a provoqué une première passe d’armes, sous l’œil des caméras, quelques minutes plus tard au Mont-Dore. Pourtant, Manuel Valls appelle « les uns et les autres » à s’asseoir à la table des discussions « sans haine, avec la volonté de s’écouter et de se construire autour de cette natte ». « Chacun devra être à la hauteur de ses responsabilités », a-t-il prévenu, souhaitant également voir la société calédonienne, et donc le Sénat coutumier, prendre part aux échanges. Une volonté clairement exprimée par le président du Sénat coutumier, Eloi Gowe, qui souhaite voir l’institution devenir « la deuxième chambre parlementaire dans une formule de bicaméralisme parlementaire avec le Congrès ».
Le chemin, on le sait, sera long. Et cette première journée a rappelé les divergences parfois profondes entre les différents protagonistes. L’utilisation de l’expression « peuple premier » en est une. « On parle de population ‘’autochtone’’ et la différence est majeure. Parce que ‘’premier’’ indique une hiérarchie, un podium des légitimités et politiquement cela est pris par les radicaux comme la justification d’un suprémacisme ethnique », a répondu Nicolas Metzdorf sur Facebook.
Claire Gaveau