Selon nos informations, Manuel Valls, arrivé ce samedi, ne parviendra pas à faire ses courses demain matin à Kenu-In. Pas de place pour se garer ? Vie chère ? Parce que c’est dimanche ? Non, c’est brûlé. Il a rendez-vous sur place à 9 h, dans un centre commercial déserté, où ne survivent que les fantômes d’un passé moins plombant que le présent, et les cendres du brasier général allumé l’an dernier par la CCAT. Mettre le feu en espérant obtenir du gel : idée idiote et coûteuse, dont le territoire n’a pas fini d’en payer le prix, alors qu’il devenait déjà pauvre. Durant ces deux premiers jours d’une visite censée en compter huit, il est prévu que le ministre des Outre-mer échange avec des gendarmes à Plum, à Ouvéa puis à Saint-Michel, dans cet ordre. Ils lui diront probablement ce que l’une de leurs collègues, l’adjudante-cheffe Léa U., débarquée de Gap juste après Noël pour veiller à ce que le Caillou ne soit pas à nouveau entraîné vers les ténèbres, a raconté, dans une publication relayée cette semaine par la gendarmerie : « La Nouvelle-Calédonie me surprend chaque jour un peu plus par ses contrastes. Depuis mon arrivée à Nouméa, je ne cesse d’être surprise tant par la beauté de cette île que par sa violence émanant principalement des tribus kanak. Un jour, je suis sur un îlot de sable blanc au milieu du lagon, le lendemain je fais des constatations sur un véhicule blindé du GIGN ayant essuyé des tirs à l’arme lourde. La situation s’est apaisée malgré tout, depuis les émeutes du mois de mai 2024, mais la délinquance locale demeure très importante et les sollicitations d’intervention sont nombreuses (usage des armes, car-jacking, homicides, viols, accidents mortels de la circulation, caillassages, autopsies… ). Il y a des zones encore interdites (…), Saint-Louis par exemple. Malgré un retour vers l’apaisement, la tension reste palpable quotidiennement. » En sept semaines, cette gendarme, issue d’une cellule d’identification criminelle, a déjà compris beaucoup.
Anthony Fillet