Le mois de novembre marque le début de la saison cyclonique dans la zone du Pacifique, marquée cette année par le phénomène de La Niña. Une activité « normale à accrue » est attendue en Nouvelle-Calédonie. Explications.
La Nina, jusqu’à quand ?
Ce n’est pas une surprise, l’arrivée de La Niña était annoncée depuis de longs mois déjà. Celle-ci est dorénavant imminente. « On a une étendue d’eau froide notamment qui s’est mise en place, une des signatures caractéristiques. Le seuil de La Nina devrait prochainement être franchi, d’icila fin de l’année », détaille Thomas Abinun, météorologue à Météo France. Un phénomène qui se voudrait « court et peu intense » : il pourrait prendre fin « dès le mois de février ».
À quelle saison s’attendre ?
Après une année particulièrement calme dans la zone Pacifique, et encore plus en Nouvelle-Calédonie, épargnée de tout phénomène cyclonique, une nouvelle saison débute. Dès lors, à quoi peut-on s’attendre sur le Caillou ? « Ce qu’on sait, c’est que tous les ans il y a des phénomènes cycloniques qui touchent, si ce n’est le territoire, au moins la zone de surveillance de la Nouvelle-Calédonie, qui s’étend dans un petit périmètre autour du pays. Cette année, on est à la fois sous l’influence du phénomène de La Niña mais aussi, et c’est le cas depuis quelques années, sous l’influence du changement climatique. Sous cette double influence, on s’attend à avoir une activité cyclonique qui va être concentrée sur l’ouest du Pacifique Sud et qui devrait préférentiellement toucher la Nouvelle-Calédonie et le Vanuatu. On a un risque, d’après nos modèles de prévision, entre normal et accru sur la région », explique Thomas Abinun. Difficile pourtant d’obtenir un chiffre précis. Sous La Niña, « on observe, en moyenne depuis 1978, quatre phénomènes cycloniques qui traversent la zone de surveillance de la Nouvelle-Calédonie ».
En revanche, dans ces conditions, l’activité devrait être « normale à réduite » des Fidji jusqu’à la Polynésie Française, et « improbable » sur le centre et l’est du bassin, des Kiribati jusqu’à Pitcairn.
Quelle intensité à prévoir ?
« Bien que les cyclones soient souvent moins intenses pendant La Niña, des cyclones de catégorie 5 surviennent quand même régulièrement », précise Météo France. Dans la zone de surveillance de la Nouvelle-Calédonie, il y en a par exemple eu un l’année dernière, lorsque le cyclone tropical Lola avait frappé le Vanuatu au mois d’octobre. « On peut faire le constat que, depuis une vingtaine d’années, on observe un peu moins de phénomènes, mais ils sont généralement plus forts », abonde le spécialiste.
Dans tous les cas, attention aux précipitations car « un phénomène cyclonique de moindre intensité, comme une dépression tropicale par exemple, peut aussi apporter des pluies assez dévastatrices. C’est un risque qu’il faut également prendre en compte. Les pluies constituent un réel danger », poursuit le météorologue, citant par exemple les dépressions Rubis et Lucas en 2021. D’autant plus que, d’après les experts du GIEC (le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), « les fortes précipitations se sont renforcées d’environ 7 % lors des épisodes cycloniques depuis qu’on commence à ressentir les effets du changement climatique ».
Quels noms seront donnés ?
En fonction de leur lieu de formation, à l’ouest ou à l’est du Méridien 160°E, les phénomènes cycloniques sont nommés, soit par le centre australien, soit par le centre fidjien. Une chose est sûre, à l’heure actuelle, les noms des prochains phénomènes sont déjà connus. Ce sera Robyn, Sean, Taliah, Vince, Zelia, Anthony ou Bianca s’ils sont nommés par Melbourne, Pita, Rae, Seru, Tam, Urmil, Vaianu, Wati s’ils sont nommés par Nandi.
Quelles sont les consignes ?
Si aucun phénomène cyclonique n’est en approche à l’heure actuelle, il est pourtant d’ores et déjà important de se préparer à l’arrivée de ces événements naturels. Dès à présent, il est ainsi conseillé de mener des campagnes d’élagage près des habitations et des lieux fréquentés. La population est également appelée, selon les consignes transmises par la Sécurité civile, à concevoir un kit d’urgence (eau, nourriture, lumière, radio, duvet, nécessaire pour bébés…), à s’informer sur les différentes consignes de sécurité et à regarder les différents centres d’accueil disponibles. Lorsqu’un phénomène cyclonique se forme, les procédures sont encore bien plus précises, avec quatre niveaux d’alerte existant sur le territoire : la pré-alerte lorsque le phénomène est en approche, l’alerte 1 lorsque le phénomène est à moins de dix-huit heures, l’alerte 2 lorsque le phénomène est à moins de six heures, et la phase de sauvegarde lorsque le phénomène est passé.
« Protéger et sauvegarder »
« En phase de pré-alerte, on est davantage sur un nettoyage des abords de sa maison, sur une diminution des activités de loisirs, notamment les activités nautiques ou en pleine nature. En alerte 1, il faut pouvoir rentrer à son domicile deux heures avant le passage en alerte 2, puisque l’alerte 2 est vraiment une phase d’interdiction de circuler pour protéger et sauvegarder la population et assurer la sécurité de nos administrés », détaille le lieutenant Manon Brasseur, cheffe du service opération et gestion de crise à la Sécurité civile. Et de poursuivre : « Les Calédoniens respectent généralement bien les consignes, mais c’est notre rôle de les rappeler à chaque passage afin qu’elles puissent correctement être relayées auprès de la population ».
Claire Gaveau