Un 24 septembre dépourvu d’unité

Les rues du centre-ville de Nouméa étaient quasi vides hier, un jour férié particulier pour certains, inchangé pour d’autres. La célébration de l’unité au travers de la Fête de la citoyenneté semble tout de même manquer aux Calédoniens.

Qu’ont pensé les Calédoniens de cette journée du 24 septembre en cette année 2024 ? Malgré les rues vides du centre-ville de Nouméa, quelques personnes ont profité de ce jour férié pour se détendre place des Cocotiers ou encore pour acheter quelques légumes au marché de Moselle. Pour Christophe, qui buvait son café au marché, « c’est un jour férié comme les autres ». L’homme, qui vit sur le territoire depuis vingt ans, trouve seulement le nouvel horaire du couvre-feu un peu dur : « 18 h, c’est trop tôt, c’est compliqué pour aller voir les amis ». Audrey, qui réside sur le Caillou depuis deux ans avec son mari, profite de ce jour férié « exceptionnel » avec ses filles et elle « n’a pas aménagé la journée différemment » avec les événements, malgré « quelques appréhensions depuis le début du week-end ».

De nombreux Calédoniens comprennent les mesures de sécurité mises en place pour cette journée. La peur ne fait pas partie des sentiments éprouvés parmi les personnes croisées, mais plutôt le doute. Pour Josse Marie Françoise, originaire de l’île des Pins, « on s’attend à quelque chose mais on ne sait pas vraiment quoi ». Néanmoins, « on n’a pas peur », complète Ila, assis à côté d’elle.

« Un concours de drapeaux »

Malgré tout, quelque chose semble manquer aujourd’hui : l’esprit d’unité. Pour Thierry, Calédonien, « ce qu’on peut regretter c’est la journée de la citoyenneté ». Pour lui, qui a vu hier trop, à son goût, de drapeaux français brandis, « aujourd’hui ce n’est pas le 14 juillet ». Il regrette qu’il y ait « un concours de drapeaux » et que cela « divise le pays ». Anne-Sophie, sur le territoire depuis vingt-trois ans, s’étonne, pour sa part, que « l’accès au Mwâ Kââ soit complètement bloqué ».

Un peu plus loin, place des Cocotiers, Dominique « trouve ça triste qu’il ne se passe rien […] Pour moi, le 24 septembre, c’était censé être la Fête de la citoyenneté, la fête des deux drapeaux ». Malgré tout, elle « comprend » que cela « facilite probablement le travail des forces de l’ordre ». Pour Lize, sortie avec son fils et originaire de Lifou, cette journée était normalement une journée où « tout le monde se mélange, où toutes les communautés partagent ». Pour cela, rendez-vous en 2025, minimum.

Claire Rio-Pennuen

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