Le 13 mai 2024, jour du déclenchement de ce que l’on appelle pudiquement « les émeutes » a réveillé bon nombre d’entre nous des peurs, des phobies auquel on ne pensait pas être confronté. Les centaines d’incendies recensés dans le Grand Nouméa aux pires heures de la crise nous à faire devenir pyrophobique. L’angoisse de prendre notre voiture de peur d’être caillassé ou pire d’être carjacké nous a fait devenir amaxophobique. Chaque fois que le 13 du mois approche, nous devenons un peu arithmophobique en ayant peur des chiffres. Celles et ceux qui ont perdu leur emploi, leurs biens, leur société bref une partie de leur vie lors de ces funestes exactions sont peut-être devenus procrastinophobique en ayant désormais peur du lendemain. En permanence connectés sur les réseaux sociaux, nous sommes devenus presque sans le vouloir, nomophobique en ayant désormais peur d’être séparés de nos téléphones portables. Et depuis quelques semaines, nous devenons tritieikositesseraseptemvriophobique. Ce mot n’existe pas vraiment, mais quand on sait que la peur des vendredis 13 s’appelle la paraskevidékatriaphobie qui vient du grec paraskevi « vendredi », decatreis « treize » et phobos « peur » on pourrait décomposer ainsi la tritieikositesseraseptemvriophobie : triti « mardi », eikosi tessera « vingt-quatre », septemvrios « septembre » et phobos « peur ». Autrement dit la peur du mardi 24 septembre. Un mot qui n’existe pas, mais qui nous a bien permis de vaincre notre leucosélophobie : la peur de la page blanche.
Lionel Sabot