Après trois ans d’instruction, la justice a renvoyé quatre personnes devant le tribunal correctionnel, soupçonnées d’avoir acheminé au sein du centre pénitentiaire des portables, du cannabis et de la nourriture. Parmi eux, un surveillant pénitentiaire présumé corrompu et Christophe Urben, « l’escroc à un milliard ».
On l’avait quitté un jour de février 2018. Christophe Urben, considéré comme le plus grand escroc du territoire, avait alors écopé de sept ans de prison par la cour d’appel de Nouméa, le maximum qu’il encourait pour de multiples arnaques et abus de confiance estimés à 1,5 milliard de francs et au préjudice de dizaines de Calédoniens. On pensait ne plus jamais le revoir. Son nom vient pourtant de refaire surface dans un dossier judiciaire sans précédent qu’une juge d’instruction vient de boucler après trois années d’investigations.
Les conclusions de cette enquête dessinent les contours d’une filière parfaitement organisée qui aurait géré l’introduction au sein du Camp-Est de différents objets interdits, notamment des téléphones portables, des produits stupéfiants et de la nourriture. Pour la première fois, La voix du Caillou raconte les détails d’un dossier sans précédent.
Tout commence par une interception téléphonique au début de l’année 2020. Les enquêteurs, qui travaillent sur un dossier qui n’a alors rien à voir avec ce qu’ils vont découvrir, apprennent l’existence d’un possible réseau d’acheminement de produits interdits au sein de la détention, impliquant des détenus et des surveillants pénitentiaires. Le 9 mars 2020, le parquet ouvre une information judiciaire pour faire toute la lumière sur ces soupçons d’une gravité certaine. Au fil des semaines, les investigations menées sur commission rogatoire vont bien confirmer un trafic de grande ampleur. Sur la base de centaines d’écoutes téléphoniques, les enquêteurs vont retrouver les principales têtes de réseau, les « petites mains » et ceux qui en profitent parmi la population carcérale.
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Jean-Alexis Gallien-Lamarche