« Tant qu’il n’y a pas d’alcool, je n’ai pas peur »

Face à l’annonce du Haut-commissariat de réautoriser la vente d’alcool sur l’ensemble du territoire, plusieurs habitants de la commune de Poindimié ont décidé de se réunir, samedi, afin de discuter. Pour beaucoup, cette réouverture est « prématurée ».

Une réunion pour discuter et se mettre d’accord. Après la décision du Haut-commissariat de rouvrir la vente d’alcool sur l’ensemble du territoire, les autorités coutumières du district de Bayes, à Poindimié, ont voulu réunir un maximum de personnes. « Etant donné le climat actuel que traverse notre pays depuis le 13 mai, une large majorité de la population pense qu’il est encore un peu trop prématuré de concevoir une réouverture des boissons alcoolisées dans les commerces de notre commune (à part des restaurateurs) », expliquaient les coutumiers, appelant à un rassemblement, samedi, sur la plage de Tiéti. Pour eux, l’alcool risquerait « certainement de déclencher des débordements ».

Patrick Watanabé est un homme bien connu de Poindimié, où il tient la boucherie Les Jumeaux. Il était présent samedi pour écouter et donner son avis. Contacté, il évoque une réunion qui s’est « très bien passée ». « Malgré les vacances et le week-end prolongé, il y avait du monde. Des gens du village mais aussi des tribus. Le sujet, vraiment, c’était la vente d’alcool dans les commerces. Car, ici, les gens ont peur », glisse-t-il. Et de poursuivre : « Il y a eu beaucoup de témoignages de personnes qui rappelaient qu’il n’y avait plus de service d’urgences dans la commune, qu’il n’y avait plus les mêmes soins. Or, si l’alcool est de nouveau accessible, on sait qu’il y a davantage de risques de bagarres, d’accidents. »

« Ils ont peur pour la sécurité »

S’il existe toujours « quelques réfractaires », la grande majorité s’est entendue pour écrire un courrier afin de le porter à la Subdivision administrative Nord du Haut-commissariat (l’Etat étant notamment responsable des arrêtés, NDLR), mais aussi à la mairie alors qu’aucun représentant n’avait fait le déplacement, samedi matin. « Pour ceux qui veulent vraiment boire un verre, finalement, il y a le bar de l’hôtel », glisse-t-il.

Quid des commerçants ? L’appât du gain est-il plus fort que le reste ? « J’ai fait le tour, je suis allée les voir, explique Patrick Watanabé, qui rappelle que trois magasins sont autorisés à vendre de l’alcool sur Poindimié. Les commerçants craignent surtout de voir des exactions apparaître dans la commune, des débordements. Car, avec l’alcool, ce sera beaucoup plus difficile de contrôler la population. Ils ont peur pour la sécurité. » Une vision qu’il comprend parfaitement, qu’il partage même : « Tant qu’il n’y a pas d’alcool, je n’ai pas peur. Mais s’il y en avait, ça serait complètement différent. »


À Thio, la vente d’alcool toujours interdite

Plus au Sud, mais toujours sur la Côte Est, la vente d’alcool est, par exemple, interdite à Thio. Une décision qui n’a pas été prise par la population de la commune, mais par le Haut-commissariat après les violents affrontement survenus la semaine dernière entre manifestants et forces de l’ordre. Ainsi, au moins jusqu’au 8 septembre prochain, aucun assouplissement des mesures restrictives n’a été acté.



Claire Gaveau

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