Assurer que l’on a rien fait est une chose, prétendre qu’il ne s’est rien passé en est une autre. Mardi dernier, en audience correctionnelle, un prévenu s’est risqué à sauter le fossé séparant la réalité du mensonge. La réception fut difficile. Une glissade sans conséquence pour lui et deux de ses voisins, relaxés faute de preuves pour les condamner.
Il était reproché à ces trois hommes, de 34 à 48 ans, une participation aux violences (jets de pierres et de bouteilles, etc.) commises par des militants indépendantistes contre les forces de l’ordre dans la nuit du 15 au 16 juin à Tuband. Interpellés sur place puis placés en garde à vue dans ce qui est décrit comme une soirée chaotique, ils avaient fini par être placés sous contrôle judiciaire, jusqu’à leur jugement, mardi.
À la barre, aucun ne reconnaît les faits. Le plus jeune fait valoir son droit de garder le silence. Marié, trois enfants, un emploi dans l’électricité, 200 000 francs de revenus mensuels et un crédit de voiture sur le dos, cinq fois condamné mais calme depuis onze ans, il ne dira pas un mot. Le plus âgé ne sera beaucoup plus bavard. Né aux Fidji, deux fois condamné (plus jeune, en Métropole) et quatre fois père, il travaille dans une imprimerie. « Moi, je rentrais tranquillement chez moi » quand les policiers d’une Compagnie républicaine de sécurité (CRS) ont chargé, « je n’avais rien à me reprocher », avance-t-il, raison pour laquelle il n’a pas fui. Les émeutes ? « Je n’ai rien à dire là-dessus. » Des remords ? « ‘’Z’ont’’ pas été blessés les CRS ! » La petite remarque en trop.
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Anthony Fillet