Rencontre avec… Eddie Lecourieux

C’est après la réunion d’un conseil municipal qui a voté à l’unanimité une baisse du budget 2024 de la commune de près de 800 millions de francs, que le maire du Mont-Dore nous a reçu. Si la commune a peut-être été moins touchée par les actes terroristes du 13 mai que ses voisines de Nouméa, de Dumbéa et de Païta, elle doit composer avec la situation engendrée par le jusque-boutisme de certains habitants de la tribu de Saint-Louis.

La voix du Caillou : Comment avez-vous vécu les semaines de violences que nous avons traversées, en tant que simple citoyen mais aussi en tant que maire d’une commune touchée par les émeutes du 13 mai ?

Eddie Lecourieux : Vous savez, je ne fais pas de différence entre l’homme et le maire. Pour moi, c’est la même chose. De plus, j’ai toujours mis la fonction avant moi. Vous savez, quand on vit de telles situations on se dit : « je ne sers plus à rien ». Et ça, c’est terrible. Au fond, je crois que ce qui a le plus abîmé notre Calédonie et notre vivre-ensemble, c’est cette impression de ne plus servir à rien. C’est aussi l’incompréhension. Et puis, vous savez, voir les choses ça été terrible. Je suis resté très longuement à la mairie, et j’ai vu juste en face de la mairie des gens piller, des gens casser, des gens brûler des commerces, des infrastructures. C’est très déstabilisant.

LVDC : Est-ce qu’à un moment, peut-être au début de la crise, vous vous êtes dit que les autorités, les institutions, pourraient perdre totalement le contrôle de la situation ?

E.L. : Non, curieusement peut-être, mais non. À aucun moment je n’ai pensé cela. Je me suis dit : les Calédoniens vont se défendre. Ils vont se défendre contre la barbarie, contre la sauvagerie. Mais je n’ai jamais eu ce sentiment de me dire : « c’est foutu ». Et puis, je n’ai pas le sentiment que les gens se soient dit cela. J’ai vu des personnes complètement désemparées parce qu’elles ont été surprises, mais j’ai le sentiment que ces mêmes personnes auraient réagi si elles s’étaient retrouvées en danger, elles auraient réagi aussi pour défendre un certain idéal.

LVDC : Y a-t-il eu ou y a-t-il encore de la colère ?

E.L. : Oui, il y a eu de la colère parce qu’en face, il y avait tellement d’idioties… Faire peur aux gens… Mais comment on peut aimer faire peur ? Rien ne justifie tout ça. Je hais les comportements que l’on a pu voir ces dernières semaines. Je suis catholique, je suis pratiquant et tous les jours la foi est mise à l’épreuve… Je ne veux pas tomber dans le mal, je ne veux pas tomber dans tout ce que j’exècre depuis toujours. Et puis, il y a eu aussi de la colère due à la fatigue du mandat. Ça fait six ans et j’ai l’impression qu’il n’y a eu que des « catastrophes ». Nous avons eu la crise Covid, l’organisation des référendums, la crise liée à Prony Ressources, Saint-Louis…

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Propos recueillis par Lionel Sabot

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