C’est l’une des conséquences indirectes des émeutes et de la crise que vit actuellement le pays. Le nombre d’animaux abandonnés – notamment chiens et chats – a augmenté de façon importante ces dernières semaines. Incapacités financières, déménagements, contraintes sanitaires… Les causes sont multifactorielles.
En Calédonie, sur les pages Facebook d’associations d’aide et de protection animale (Les Sans Voix, la SPANC ou La Bande à Nounou, pour les plus connues), les demandes d’adoptions et d’accueil en famille ont explosé, ces deux derniers mois. Conséquence, à en croire celles-ci, d’un nombre « beaucoup plus important qu’auparavant » d’abandons de chiens et chats.
« C’est juste catastrophique », témoigne Tiphaine, co-fondatrice du collectif Les Sans Voix, contribuant au sauvetage et à l’adoption des animaux des rues. « Depuis le début des émeutes, on court dans tous les sens. »
Départs du territoire et moins d’argent
Non pas une, mais plusieurs raisons sont à l’origine de ces abandons. En premier lieu, le coût « exorbitant » que représente le déplacement d’un animal, pour des maîtres souhaitant quitter le territoire. Il y a le prix du billet (par exemple entre 250 000 et 300 000 francs pour un chien de 20 kilos), les frais de pension à payer avant le départ de l’animal, les coûts liés aux vaccins obligatoires à réaliser avant de partir, ou encore l’achat d’une cage homologuée (dont le prix peut facilement atteindre 15 000 francs)… « Ça fait beaucoup de contraintes », explique Ambre Galleron, présidente de l’association La Bande à Nounou. Par ailleurs, « ce sont souvent des départs précipités, et les gens n’ont pas eu le temps de mettre de l’argent de côté », illustre celle-ci.
Pour autant, ces abandons ne sont pas reliés uniquement à des départs du Caillou. « D’autres personnes ont vu leur maison brûler et doivent déménager dans un logement où elles ne pourront pas accueillir leurs animaux. Ou alors, elles ont perdu leur travail, et ne peuvent plus financer leurs croquettes ou leurs soins au vétérinaire… », précise Coralie Claude, présidente de l’association S.O.S Animaux.
Face à ces difficultés, seule la manière de procéder diffère. « Certains tiennent quand même un peu à leur animal, donc ils font des annonces sur leurs réseaux ou alors nous demandent conseil… Alors que d’autres ne s’embêtent pas, et les abandonnent directement dans la rue », regrette Tiphaine. « Déjà qu’avant, la condition animale en Calédonie c’était pas l’idéal, mais alors là… »
« Le serpent qui se mord la queue »
Résultat, ces associations de protection animale se retrouvent, pour la plupart, avec un surplus d’animaux à placer en famille d’accueil. Or, « certaines de ces familles d’accueil nous contactent pour nous dire qu’elles-mêmes quittent le territoire, ou alors qu’elles doivent déménager et qu’elles ne peuvent plus, désormais, accueillir d’animaux… C’est le serpent qui se mord la queue », soulèvent plusieurs de ces associations.
« Cagnottes en ligne »
Au vu de la situation économique du pays, les dons financiers et dons de croquettes se font également plus rares, alors que les demandes augmentent.
« Pour le seul quartier de Dumbéa Rivière, où il n y avait aucune demande auparavant, six familles depuis la crise nous ont demandé des croquettes », illustre Tiphaine, qui se veut néanmoins positive. « Heureusement, les gens n’ont pas arrêté d’adopter, c’est une bonne chose […] Puis nous avons des partenariats et des cagnottes en ligne qui nous aident bien », affirme-t-elle.
Des prix stables
Auprès de ceux qui s’y intéressent, le bruit court que les prix exercés par les sociétés réalisant un service de fret animalier aérien (Cargo Air Service et Aircalin) seraient plus élevés en ce temps de crise. Info ou intox ? David Mennesson, gérant de Cargo Air Services, dément cette rumeur, assurant qu’Aircalin « n’a jamais effectué la moindre augmentation depuis au moins dix ans », et qu’il en est de même pour sa société. Encadrés par IATA (International Air Transport Association), les prix exercés en Calédonie se situent même « bien en dessous de ce qui peut se faire ailleurs », affirme-t-il. Ce qui a augmenté en revanche, c’est le prix lié au transit à Singapour. Contrairement au Japon, les autorités singapouriennes réclament un permis de transit, ce qui explique une différence de 20 000 francs sur la facture du client.
Nikita Hoffmann