Elle assure ne pas avoir touché de contrepartie financière, avoir agi par pitié, surtout auprès de candidats ayant peu d’argent, venant de Brousse et ayant échoué plusieurs fois par le passé à cet examen théorique du permis de conduire.
La période retenue pour cette fraude, à Nouméa, va du 1er mars au 10 juin 2020. Les faits auraient-ils débuté avant ? Impossible de le savoir, les données informatiques sont effacées régulièrement, de manière automatique. Depuis quand cette examinatrice a-t-elle commencé à avoir un comportement déviant ? « Je ne sais plus », répond-elle. La première personne aidée se présentait en candidat libre et venait « de Brousse » : pour elle, elle a ressenti de la « pitié » et a franchi la ligne rouge. « Je me suis laissée emporter… » Le début d’un engrenage.
Ses agissements ont été repérés puis dénoncés par un collègue, qui a commencé à avoir des doutes. Il raconte notamment une scène à laquelle il aurait assisté : un homme arrive en pick-up à la Direction des infrastructures, de la topographie et des transports terrestres (DITTT), il remet un dossier à la prévenue (qui semble gênée) et s’en va. Les témoignages se multiplient : la femme serait trop proche des candidats, trop familière, se laisserait parfois appeler par son prénom, se laisserait tutoyer. « Je suis née ici, on me connaît », se défend-elle. Et puis, « je suis très sociable ». La présidente du tribunal lui rappelle que sa fonction d’examinatrice lui impose de garder « une distance ». Le substitut du procureur, Richard Dutot, se veut plus direct : ce qu’on attend d’un fonctionnaire, « c’est de résister aux pressions, aux influences, de ne pas verser dans la combine » : si on n’est pas capable « d’encaisser, d’endurer ça », alors « on fait un autre métier ». La mise en cause le reconnaît : « je pense que j’étais un peu trop sensible » pour ce travail, « trop empathique ». Son chef de bureau n’est pas tendre avec elle, évoquant « un problème avec la vérité », une absence de « fiabilité » de la part de cette personne « pas rigoureuse ». Depuis 2018, elle était déjà suspendue de déplacement professionnel à Maré, en raison d’une première « alerte », une trop grande proximité avec un candidat.
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Anthony Fillet