Leslie Levant dirige le Centre Hospitalier Territorial. Après avoir vécu la crise Covid, le voilà confronté aux conséquences des émeutes de la CCAT, tout autant sanitaires que financières, alors que la Calédonie est marquée par un important départ des personnels soignants.
La voix du Caillou : Nous allons parler de la situation du Médipôle, mais en introduction, il est incroyable de se dire que huit ans seulement après son ouverture, on en vient à parler de sa survie…
Leslie Levant : Je ne parlerais pas de sa survie, la question est de savoir comment le Médipôle va traverser cette période difficile, comme toute la Calédonie en fin de compte. Qu’est-ce qu’un hôpital ? Un hôpital, c’est des patients qui ont besoin d’être pris en charge par des soignants, tout en ayant les moyens financiers de le faire. Ce sont les trois éléments essentiels. Concernant le premier, depuis le début des émeutes, on observe une très forte diminution de la consommation de soins. Clairement. C’est une diminution de 30%, quasiment partout et donc aussi au CHT. Une baisse en hospitalisation, en consultation, aux urgences, et ce sur quasiment toute la Calédonie. J’ai sollicité les collègues du Nord, de la clinique, des CMS des provinces, et tous expriment cette baisse d’activité. On est passé d’une situation où les personnes étaient bloquées pour se rendre à l’hôpital en raison des barrages et des exactions, à un début de renoncement aux soins. Alors, il y a plein de conditions qui rendent plus difficiles l’accès aux soins, comme la question des transports en commun ou celle de l’avance de frais. Mais de manière générale, j’ai le sentiment que les patients font passer leur santé après beaucoup de choses. Je ne sais pas pendant combien de temps, ils vont mettre leur santé en retrait par rapport à leur quotidien, pour essayer, eux aussi, de passer cette crise. Et bien sûr, c’est inquiétant, parce que cela altère le suivi de leur pathologie.
Ce contenu est réservé aux abonnés.
Connectez vous pour y accéder !