Nommé évêque en 1979 puis archevêque de Nouméa le 19 juin 1981, Monseigneur Calvet a vécu tous les moments forts de l’histoire contemporaine de la Nouvelle-Calédonie. Alors que, ces dernières semaines, les lieux de culte et de mémoire ont été vandalisés, profanés et même incendiés, Monseigneur Calvet nous a reçu à l’Archevêché pour évoquer les graves troubles qui touchent le Caillou depuis le 13 mai.
La voix du Caillou : Monseigneur Calvet, comment vivez-vous la période très sombre que traverse la Nouvelle-Calédonie aujourd’hui ?
Monseigneur Michel Calvet : J’ai été nommé en 79. Comme évêque, j’ai participé à un certain nombre de choses, j’ai accompagné un certain nombre de gens. Aujourd’hui, il y a une réelle tristesse. Quand on brûle une église, que les gens brûlent leur église à eux, parce que l’église ce n’est pas à l’évêque, il y a beaucoup de tristesse.
LVDC : De la tristesse, de la colère également ?
Mgr M.C. : Ça ne sert à rien de cultiver la colère, il y en a suffisamment dans le pays, il ne faut pas en rajouter. Bien au contraire, il faut essayer, avec ceux qui sont capables d’un minimum de hauteur de vue, il faut essayer de voir comment sortir de cette ornière-là. Il y a un certain nombre de gens qui pendant des années ont cultivé la rage et la haine, on voit que cela a conduit à l’échec. Beaucoup de choses avaient été faites, ce n’était certes pas parfait, mais quelle société est parfaite ? De toute façon, à la sortie de ce genre d’histoire il faudra s’occuper de tout le monde. On le fera.
LVDC : Vous étiez en poste dans les années 80, lorsque la Calédonie a traversé les « Événements ». On a le sentiment que depuis le 13 mai, on a franchi un cap supplémentaire en termes de violence ?
Mgr M.C. : Lors des « Événements » il y avait une violence considérable, mais il y avait aussi peut-être la proximité des valeurs coutumières et chrétiennes, qui comme le disaient les gens étaient les deux piliers de la société et qui étaient respectés. Aujourd’hui, il y a des idéologies inhumaines qui sont à l’œuvre et qui font des dégâts.
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Propos recueillis par Lionel Sabot