Dans la nuit de vendredi à samedi, au Vallon-Dore, un conducteur, sans permis, sans assurance, ayant consommé kava, vin et cannabis, filant à vive allure et poursuivi par un équipage de gendarmerie, a forcé un barrage formé par d’autres gendarmes, manquant de peu d’en renverser un. Il était jugé lundi à Nouméa.
Sa première mission en Outre-mer aurait pu être la dernière. Le lieutenant de 28 ans habituellement basé à Lyon, diplômé en droit pénal et financier, ancien de la Banque de France, ayant donné des cours à la Sorbonne et à Aix-en-Provence, ayant aussi été bénévole dans un refuge pour animaux abandonnés, est sorti de formation il n’y a pas si longtemps, raconte son avocate, Me Nathalie Lepape, arrachant des larmes à ce jeune homme qui « expose sa vie pour nous protéger tous ».
Quelques secondes plus tôt, avant qu’il ne se rassoie, ce gendarme était venu à la barre, amenant avec lui un petit carnet de notes, pour n’oublier aucun détail. Commandant un peloton d’intervention d’une dizaine de militaires dans le secteur de Plum depuis un mois, il a commencé sa patrouille à 22 heures vendredi. Il devait travailler jusqu’à 6 heures le samedi avant d’aller se reposer. Malheureusement, après cette nuit-là il a eu « beaucoup de mal à dormir », se repassant la scène, inédite dans sa carrière. « J’ai eu peur », confie-t-il. « Peur pour eux », en parlant des hommes sous sa responsabilité, « peur pour moi ».
« J’ai compris qu’il n’allait pas s’arrêter »
L’histoire commence un peu après 1 heure du matin, samedi. Une patrouille de gendarmes croise, en plein couvre-feu, une voiture. A l’intérieur : cinq personnes, dont le passager arrière droit assis sur le rebord de la fenêtre, lampe torche à la main. Les gendarmes font demi-tour et suivent le véhicule, une Golf. Malgré le gyrophare enclenché, le conducteur ne s’arrête pas. Pourquoi ? Le fuyard, jugé lundi en comparution immédiate, explique qu’il n’a pas vu l’avertissement lumineux, qu’il était ébloui par les phares dans son rétroviseur (ou ébloui par sa consommation d’alcool, de cannabis et de kava, lui fait remarquer le président du tribunal, Eric Mangin). S’il a accéléré, c’est parce que « les copains ont dit que c’était la milice ». Une course-poursuite démarre ainsi dans le Vallon-Dore, sur la route de la corniche.
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Anthony Fillet