Nicolas Metzdorf conserve son siège de député de Nouvelle-Calédonie, et Emmanuel Tjibaou devient le premier député indépendantiste depuis Rock Pidjot (élu en 1964).
Ce second tour aura été marqué par une très forte mobilisation, d’une ampleur moindre que pour les référendums mais tout de même. Les électeurs, conscients de l’enjeu, ont participé fortement dans un bel élan démocratique. Le constat est bien que les électeurs indépendantistes se sont rendus aux urnes en plus grand nombre qu’au premier tour, assurant ainsi à Emmanuel Tjibaou, qui fait irruption sur la scène politique, une victoire large et nette. Dans la première circonscription, l’électorat non-indépendantiste a répondu présent pour assurer la victoire de Nicolas Metzdorf, confirmant ainsi la nécessité d’une large union du camp favorable à la Nouvelle-Calédonie dans la France. Réélu, en dépit qu’il ait changé de circonscription, Nicolas Metzdorf semble avoir bénéficié d’un bon report de voix, ce dont n’a pas profité Alcide Ponga dans la seconde circonscription : il lui a manqué les voix de Calédonie Ensemble et celles de l’Éveil Océanien. Les électeurs de cette hypothétique troisième voix auraient vu dans la « liberté » que leur attribuaient les états-majors l’opportunité de voter au profit du candidat favorable à l’indépendance.
Progression des indépendantistes
L’autre constat est la progression indéniable du vote indépendantiste. Une mobilisation quasi-militaire, et le manque des voix pour les non-indépendantistes des milliers d’électeurs qui ont quitté la Nouvelle-Calédonie, lassés de l’incertitude institutionnelle, ont pesé lourdement dans la balance. Toujours est-il que cette élection ne met pas fin au climat insurrectionnel que nous connaissons : ce dimanche soir, les forces de l’ordre ont dû intervenir dans plusieurs quartiers de Nouméa, ainsi aux Tours de Magenta. La victoire d’Emmanuel Tjibaou, comme celle de Nicolas Metzdorf d’ailleurs, attise la volonté des indépendantistes de foncer à marche forcée vers l’indépendance. Face à cela, les non-indépendantistes doivent prendre une initiative forte qui pourrait être, justement, d’élargir l’Union que défendaient Nicolas Metzdorf et Alcide Ponga dans cette campagne. Le morcellement politique auquel nous étions « habitués » depuis 2004 devient là un handicap mortel pour tous ceux qui souhaitent que la Nouvelle-Calédonie demeure française. Parce que depuis 2002, il en est des indépendantistes en Nouvelle-Calédonie, comme du Rassemblement National en France, qu’ils grignotent des parts de marché. Et jusqu’où ?
Nicolas Vignoles