Venu de Canala au début des émeutes, il y a participé en s’en prenant à deux magasins (Leader Price, Korail) et à un distributeur de billets (OPT). Ce jeune majeur était jugé jeudi à Nouméa.
En faisant tourner ses courtes dreadlocks avec ses longs et fins doigts, main gauche, ongles de guitariste, à quoi pense-t-il ? Sans doute à la même chose que lorsqu’il se tient l’arrière du crâne, cette fois avec ses deux mains : oui, il a commis un certain nombre d’erreurs lors de la première semaine des émeutes il y a bientôt deux mois, et il en paie aujourd’hui le prix.
Première faute : habitant à Canala chez sa grand-mère, il est descendu à Koutio le 14 mai, lendemain du début de l’embrasement du Grand Nouméa. Pour y faire quoi ? « Voir ma mère », dit-il, sans réussir à être précis sur la durée depuis laquelle il ne l’avait plus revue : « quatre, cinq, six mois… » Il explique être venu du Nord, aussi, « pour recadrer les petites sœurs », qui « font n’importe quoi ». C’est en participant à des vols qu’il comptait leur montrer l’exemple ? La remarque du président du tribunal, Philippe Guislain, touche le prévenu, qui penche la tête puis la baisse, toujours debout en se balançant légèrement comme s’il était sur le Betico, et rarement en se tournant vers la salle (dans laquelle se trouvaient des étudiants du lycée Dick Ukeiwë), préférant regarder uniquement les magistrats, quand il ne jetait pas un regard noir à la représentante du parquet. Venir à Koutio alors que c’était « calme » à Canala, « est-ce que vous n’avez pas l’impression de vous mettre un peu dans le pétrin tout seul ? Vous cherchez un peu les problèmes, en tout cas les conséquences », lui glisse le juge. « Oui, quand même », concède le prévenu, sans lâcher ses dreadlocks.
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Anthony Fillet