Lisant certains sites d’informations, de nombreux Calédoniens ont été surpris, peut-être choqués, de constater que Christian Tein, le leader de la Cellule de coordination des actions de terrain, incarcéré à Mulhouse depuis sa mise en examen le 23 juin, s’exprimait dans la presse.
Christian Tein a reçu la visite de deux sénateurs, les écologistes Jacques Fernique et Anne Souyris et l’entretien qu’il a eu avec eux a été suivi par un journaliste des Dernières Nouvelles d’Alsace, correspondant de l’Agence France Presse (AFP), et dont l’article a été relayé dans quasiment toute la presse nationale. Il est précisé que « la discussion, encadrée, ne pouvait pas porter sur l’enquête en cours ». Christian Tein parle donc de ses conditions de détention auxquelles il s’habitue, et du fait qu’il a été éprouvé par le voyage jusqu’à Mulhouse et le trajet en avion qu’il a effectué menotté.
Pour l’heure à l’isolement, Christian Tein, qui a voté par procuration (reste à savoir si elle est arrivée), devrait bientôt bénéficier de la possibilité à participer à des activités comme des cours, des jeux de société, de la méditation, et de la visite de sa compagne. Il a déjà eu la visite d’un aumônier qui lui a donné une bible, « mais cela ne remplace pas le contact humain », précise-t-il.
Et pour le reste ?
S’il assure n’être pour rien dans le déclenchement des émeutes qui ont frappées la Nouvelle-Calédonie depuis le 13 mai, mais qu’il ne condamne pas, Christian Tein, utilisant la rhétorique indépendantiste dans la période, déclare « je suis un prisonnier politique et le premier extradé de la sorte avec mes camarades ». Et de poursuivre : « J’ai pu téléphoner à mon avocat à Nouméa mais c’est compliqué, il y a le décalage horaire. Je dois prendre contact avec un avocat ici. » Il évoque toutefois l’avenir assurant que « à un moment, il faudra que l’on se remette autour d’une table pour reprendre les discussions. Il en va de la survie de la Nouvelle-Calédonie ». Une survie que les exactions de la CCAT, dont devra répondre Christian Tein, ont effectivement largement compromise.
Les chefs d’accusation
Neuf responsables de la CCAT ont été mis en examen, déférés devant les magistrats instructeurs et placé en détention provisoire en métropole. Ils ont à répondre de plusieurs chefs d’accusation : complicité de tentative de meurtre, vol en bande organisée avec arme, destruction en bande organisée du bien d’autrui par un moyen dangereux pour les personnes, participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime et participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un délit et participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destructions ou dégradation de biens. La justice notait que les commanditaires présumés avaient été mis en examen « de l’ensemble des chefs d’infractions susvisés, au vu de l’existence d’indices graves ou concordants rendant vraisemblable leur participation comme auteur ou complice, aux faits en cause ».
Nicolas Vignoles