Les élections en Nouvelle-Calédonie sont marquées du sceau du choix entre la France et l’indépendance. Et c’est ainsi depuis la fin des années 70 et la création du Front Indépendantiste (FI) devenu le FLNKS. Il en est forcément de même avec ces législatives.
Avec le temps et l’usure, nous avons connu moults tentatives de troisième voie, des partis et des mouvements qui prônaient une autre vision et une autre manière de faire pour transcender les clivages. Elles ont toutes échoué parce que l’enjeu entre Nouvelle-Calédonie dans la France et Kanaky est trop puissant. A chaque élection, les Calédoniens sont appelés à choisir entre deux futurs différents et s’ils espèrent peut-être que l’on sorte de ce clivage, ils sont tout aussi conscients de l’incertitude que cela génère. La 3ème voie qui était portée dimanche dernier par Calédonie Ensemble et l’Éveil Océanien s’est donc fracassée sur le roc de cette réalité. Toutefois, l’élément neuf intervenu ce 30 juin, est que le clivage de la société calédonienne s’est sans doute accentué.
Une bipolarisation de grande ampleur
Si les émeutes de la CCAT ont mis un terme brutal à l’accord de Nouméa et aux valeurs qu’il était censé véhiculer, le premier tour de ces législatives a renforcé le clivage politique, géographique, démographique, ethnique et sociétal de la Nouvelle-Calédonie. Il a illustré le fait que la bipolarisation couvre désormais un champ bien plus ample que le seul choix entre indépendance ou non, elle est plus profonde encore et quasiment définitive. Et le second tour ce 7 juillet va confirmer davantage encore cette situation. La bipolarisation, dont nous ne sommes pas près de sortir, est d’autant plus forte que les deux camps face-à-face portent des projets de société, et donc des choix d’avenir différents, que l’insurrection que nous connaissons, a considérablement exacerbé. Dans ces conditions le choix de dimanche prochain peut sembler simple, s’ils n’imposaient des conséquences que l’on mesure encore mal.
Résultats définitifs
Le Haut-commissariat a officiellement promulgué les résultats hier après-midi, avec 133 305 votants sur les 222 114 inscrits sur les listes électorales. Dans la première circonscription, Nicolas Metzdorf arrive en tête (39,81 %), devant Omayra Naisseline (36,34 %), Philippe Dunoyer (10,33 %), Veylma Falaeo (4, 87 %), Simon Loueckhote (2, 64 %), Muneiko Kaocas (2,19 %), Juanita Ciane Angexetine (0,61 %), Cédric Devaud (0,42%), Pierre-Henri Cuenot (0,31 %), Thomas Nasri (0,28 %), Germaine Toléta Nemia (0,14 %) et Manuel Millar (0,11 %). Dans la seconde circonscription, les électeurs ont placé Emmanuel Tjibaou en tête (44,06%), devant Alcide Ponga (36,18 %), Milakulo Tukumuli (7, 13 %), Gérard Poadja (5,28 %), Luther Voudjo (1,49 %) et Ronald Frère (1,08 %).
Nicolas Vignoles