La Nouvelle-Calédonie est dans une situation économique sinistrée, comme peu de territoires français en ont connu depuis longtemps. Et voilà que l’information circule selon laquelle le gouvernement serait en cessation de paiement…
C’est Philippe Dunoyer qui lors de son annonce de candidature pour les législatives et invité du journal télévisé de NC La 1ère, a le premier divulguer l’information. Une information qui, toute la semaine dernière, a également circulé dans de nombreux services de l’administration, jusqu’à en inquiéter les syndicats. Au nom de l’UT CFE-CGC, son président Christophe Coulson a écrit à Louis Mapou. « Depuis quelques jours maintenant », écrit-il, « une rumeur circule sur une potentielle baisse de salaire des agents publics. Dans un premier temps, nous vous interrogeons sur la véracité de cette information. Si celle-ci est avérée, nous exigeons d’être associés à toutes discussions du secteur public comme à celles des autres secteurs composant notre système économique et social. » Nicolas Metzdorf, en campagne à Numbo, a enfoncé le clou. « Nous sommes en faillite totale », a-t-il déclaré, « notre autonomie est morte, nous sommes en incapacité de la financer. Nous n’avons plus les moyens aujourd’hui de financer nos politiques publiques, et se pose même la question des salaires des fonctionnaires sur toute l’année. »
Mise sous tutelle
Du côté du gouvernement, on temporise. « Nous ne sommes pas en cessation de paiement, mais nous sommes en grande difficulté », nous a dit Christopher Gygès, qui reconnaît toutefois que l’État a été appelé à l’aide. Le gouvernement aurait reçu une subvention permettant de « tenir » les mois de mai et juin. Mais ensuite, les fonctionnaires pourront-ils être payés ? Il a été demandé une avance de trésorerie à l’État, qui en aurait accepté le principe, mais rien n’a encore été confirmé officiellement. Cette affaire relance le débat, initié par la Finc, de la mise sous tutelle de la Nouvelle-Calédonie par l’État. Dans un communiqué, dont La voix du Caillou a fait état, la Fédération des industries de Nouvelle-Calédonie a en effet interpellé les élus calédoniens. « La Nouvelle-Calédonie étant incapable de faire face à la totalité des besoins financiers », disait ce communiqué, « nous demandons d’urgence à l’ensemble de nos élus de toutes les institutions de faire preuve de réalisme, de pragmatisme et d’avoir le courage de demander la mise sous tutelle de l’État. » Pour répondre à la Finc, cette éventualité qui permettrait en effet à l’État de diriger, organiser et contrôler l’aide à l’économie calédonienne, sera peut-être au cœur de la rapide campagne pour les législatives.
Nicolas Vignoles