En prévision du Congrès extraordinaire du FLNKS de samedi prochain, l’Union calédonienne (UC) a réuni samedi un comité directeur à la tribu de Mia à Canala. La réunion a débuté par un très long discours du président de l’UC, Daniel Goa, qui fera date.
« La Kanaky n’est pas une terre de France, ne l’a jamais été et ne le sera jamais. Les Kanak ne sont pas Français, ne l’ont jamais été et ne le seront jamais. » Ce que l’on retient en substance de ce discours, c’est que pour l’UC, la jeunesse kanak a lancé la révolte, qu’il faut la soutenir et aller jusqu’au bout, à savoir l’indépendance. « Ces jeunes de 16 à 20 ans », écrit Daniel Goa, « montrent une résistance inattendue et surprenante face aux forces spéciales françaises et à leur déploiement de muscles, de moyens militaires et de violences. Nos jeunes ne sont pas si mauvais que cela finalement. À moins que ce soient les forces en face qui ne soient pas à la hauteur. » Et le président de l’UC, jugeant que l’État n’a pas été à la hauteur, qu’il est entré dans un cycle de répression. « Ces méthodes », dit-il, « que l’État emprunte à son histoire d’occupation sont dignes de la Gestapo ». Dans ce discours haineux et violent, tout est à l’encan, et en citer des passages n’est pas seulement rébarbatif, mais désespérant.
La solution, c’est Kanaky
Si Daniel Goa évoque encore le dialogue, il en restreint le périmètre à la seule indépendance, fruit de la « lutte pour la liberté et la dignité » qu’auraient arraché dans le combat ceux qu’il qualifie de jeunes héros qui « en ont payé le prix en donnant leur vie » face à « l’État colonial ».
L’indépendance donc, non négociable bien sûr, immédiate, pleine et entière évidemment. Et Daniel Goa d’en fixer l’échéance au 24 septembre prochain. Aucun appel au calme, à la paix ni à la levée des barrages, mais la demande aux militants de demeurer mobilisés jusqu’à ce que les indépendantistes aient atteint leur but. Et si l’État persistait dans son désir « d’imposer » le dégel, l’UC annonce vouloir s’impliquer davantage encore sur le terrain, annonce que Daniel Goa ne qualifie pas de « menace », mais « d’obligation ».
L’annonce donc, clairement explicitée, que l’UC n’appellera pas au retour au calme, mais à la poursuite de l’insurrection. Ayant créé le monstre CCAT et l’ayant alimenté en consignes et discours radicaux, l’UC, dans un premier temps, a paru désemparée et débordée face à la violence et aux émeutes. Aussi, ne parvenant pas à reprendre la main, elle s’affiche désormais comme plus radicale que les radicaux.
Nicolas Vignoles