Daniel Goa fonce violemment dans le tas

Que retenir du discours, au lance-flammes, prononcé par le président de l’Union calédonienne (UC), Daniel Goa, en début de week-end à Canala ? En voici des extraits. A leur lecture, on se dit qu’il faut maintenant une bonne paire de jumelles (un télescope, peut-être ?) pour apercevoir le bout du tunnel dans cette crise politique, sécuritaire, économique, sociale, morale…

« Nous avions prévenu »

« Notre jeunesse s’est révoltée pour que Kanaky émerge, vive et que notre souveraineté se concrétise. Elle l’a fait en mémoire de nos anciens qui ont payé un lourd tribut au colonialisme et à ces usages que nous dénonçons. Ce qui est advenu n’est pas le fait du hasard. Nous savions tous, nous avions prévenu, la CCAT avait communiqué, attiré l’attention de tous qu’il ne fallait pas toucher à un accord politique fondamental pour le peuple Kanak et pour notre reconnaissance. » Le chaos depuis bientôt un mois, « nous savions tous que cela allait arriver tôt ou tard », dit Daniel Goa. « Car en plus du conflit politique, un conflit social s’est greffé, difficile à contrôler, car d’autres frustrations se sont exprimées. »

« D’où vient le racisme »

« En face », chez les non-indépendantistes, « la manipulation est constante et provoque une psychose », avance l’élu indépendantiste. « Ils s’imaginent et s’inventent des petits Kanak partout, dans des pick-up, alors qu’ils sont à pied. Les peurs et les fantasmes, teintés de racisme, s’amplifient. Le procureur de la République, obnubilé par les petits Kanak, ne voit qu’eux et les pourchasse assidûment, même dans leur lit d’hôpital. Mais il est étrangement aveugle, ne voit rien du côté des Loyalistes et il est atteint de cécité si ce sont des élus de la province Sud. C’est cela l’égalité du justiciable colonisé ? Vous conviendrez que, grâce à ce bilan, il n’est pas difficile d’identifier d’où vient le racisme. »

« Impasse totale »

« La situation politique du pays, elle est dans une impasse totale. À qui la faute ? Toucher au corps électoral était une erreur manifeste et prévisible, le président Macron l’a commise, il en était parfaitement conscient et a été mal conseillé par ses deux acolytes locaux. C’est un échec, son échec. » Désormais, « le préalable au dialogue n’est pas le rétablissement de l’ordre, ni le report de la loi constitutionnelle sur le dégel du corps électoral, mais son retrait pur et simple et sans condition ».

Accusation grave

« On peut se demander qui avait intérêt à ce que tout soit cassé », explique très sérieusement Daniel Goa. Il donne deux pistes. La première : « Les loyalistes, certainement, car ils sont toujours engagés dans des calculs politiques pour maintenir leur existence politique et se construire une nouvelle majorité en manipulant la représentativité des provinces au Congrès et l’opinion des gens ». Seconde piste : « L’État souhaite reprendre toutes nos compétences et “nous aider”. Il est important de noter que la vision de l’aide de l’État français est similaire à ce qu’il a fait en Afrique pendant soixante ans : les maintenir sous perfusion avec leur propre argent, les appauvrir sans jamais les développer, et pire encore, les enfoncer. »

Déclaration d’indépendance

« La France nous a tellement trompés que notre souveraineté ne pourra qu’être immédiate, pleine et entière et non négociable. Nous proposons le 24 septembre 2024 pour la déclarer, ce sera aussi le début d’une nouvelle mandature avec de nouvelles élections. Notre souveraineté devra être irréversible, garantie et validée par le C24. Nous pourrons y ajouter une période de transition pour le retrait politique de l’État et le calendrier de la rétrocession des compétences régaliennes. La souveraineté sera alors partagée si la France l’accepte. Elle sera pleine et entière aux termes de cette période de transition le 24 septembre 2029, à la date anniversaire des 176 ans de colonisation et au terme de la mandature. »

« Nous ne paierons rien »

« Que ce soit clair, et je le dis sans détour, nous ne paierons rien, car tous ces ravages résultent de ses manquements à l’exercice de ses seules compétences qui sont celles du maintien de l’ordre et des libertés individuelles, de la protection et de la libre circulation des personnes et des biens. Cela relève de sa responsabilité », lance Daniel Goa à propos de l’État.

Trois préalables

Le premier ? « Convoquer de nouvelles élections. Nos bases ne reconnaissent plus leurs élus et il est nécessaire de légitimer une nouvelle classe politique capable de s’engager. C’est une exigence démocratique (…) Si l’État ne prend pas cette initiative, toute négociation qu’il pourrait entreprendre ne sera pas validée par nos bases », écrit Daniel Goa. Deuxième préalable : « instaurer un socle identitaire défini par une citoyenneté dans l’attente de notre souveraineté pleine et entière qui déterminera le périmètre d’une nationalité ». Troisième demande : « ramener de la justice démocratique en modifiant les circonscriptions législatives, imaginées par Charles Pasqua en 1986. Elles ont été faites pour que jamais un Kanak ne soit élu au parlement français », avance le leader de l’UC.

Un accord global en cinq parties

« Un nouvel accord institutionnel pourrait se dessiner et il comprendrait plusieurs volets », est-il indiqué. Le premier, et non des moindres : « un volet institutionnel et politique qui reprendra tous les acquis de l’accord de Nouméa, sans exception car ils relèvent d’un processus d’émancipation en cours, pas terminé. Il se limitera au seul processus de décolonisation ». Le deuxième point concerne le nickel. Il est en autres exigé « la reprise de notre souveraineté sur tous nos titres miniers », et l’instauration « d’une royaltie matière obligatoire au titre d’une rémunération pays ». On peut aussi lire que « les niveaux de production seront autorisés en fonction des besoins nécessaires du pays pour son développement utile ». De plus, « aucun minerai ou production minière ne quittera le pays sans une rémunération, assortie d’un prix plancher, au profit exclusif du pays ». Les trois points suivants, moins détaillés, concernent l’économie, le social et la formation.

Anthony Fillet

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