Au lendemain de l’annonce par Paris de mesures économiques de soutien à la Nouvelle-Calédonie, nos confrères de Radio Rythme Bleu ont interrogé Bruno Le Maire pour des explications et des précisions. Le ministre de l’Économie et des Finances s’est voulu tout à la fois pragmatique et rassurant.
Bruno Le Maire rappelle tout d’abord une évidence, à savoir que l’État intervient alors même que l’économie est une des compétences de la Nouvelle-Calédonie. « L’État a toujours été aux côtés du monde économique, et l’État le restera, et ma méthode de travail est d’être à l’écoute de tous les entrepreneurs, a déclaré Bruno Le Maire, dans un entretien diffusé vendredi matin sur RRB. Je suis profondément attaché à l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, et pour ce qui est de ma responsabilité, à son avenir économique ».
12 milliards de francs d’aide d’urgence
Au lendemain de l’annonce des mesures du gouvernement central, le monde économique s’est ému de ce que les aides présentées, ne répondaient pas à l’ampleur des dégâts et des destructions. Bruno Le Maire a tout d’abord tenu à rassurer : « ce qui compte pour moi, a-t-il dit, c’est que chaque entreprise, chaque artisan, chaque commerçant, chaque PME, chaque TPE puisse avoir les moyens de rebondir le plus rapidement possible grâce au fonds de solidarité partielle, grâce à l’activité partielle, et grâce à la mobilisation des banques et des assurances ». Et le ministre des Finances de préciser : « nous sommes prêts à aller plus loin au cas par cas, car ce n’est pas la même chose d’avoir un petit commerce qui a été touché avec deux salariés, et de grandes PME qui ont plusieurs dizaines de salariés et qui auront des pertes beaucoup plus importantes. J’ai donc demandé un traitement au cas par cas, et là je parle des aides d’urgence qui peuvent être déployées très rapidement, qui seront données sur simple base déclarative ».
Trois étapes
Cette première aide d’urgence représente 12 milliards de francs, et l’État va aller plus loin. « La 1ère étape, c’est les aides d’urgence, déclare Bruno Le Maire. La 2e étape, c’est l’évaluation des besoins plus conséquents pour des entreprises plus importantes qui font face à des besoins de trésorerie et de refinancement beaucoup plus importants. Il faut le faire lorsque le calme sera définitivement revenu et lorsque nous aurons toute la visibilité nécessaire sur les entreprises qui ont été le plus touchées. Mais il y aura évidemment une 2e étape de soutien économique pour les entreprises les plus importantes qui en auront le plus besoin pour redémarrer. Puis une 3e étape qui est essentielle à mes yeux, c’est que nous puissions réfléchir tous ensemble à ce que doit être l’avenir économique de la Nouvelle-Calédonie ».
Et le chômage partiel ?
L’inquiétude du monde économique comme des Institutions tient au financement du chômage partiel qui, à ce jour, concerne déjà 7000 personnes. Dans ses propositions, l’État souligne que ce financement sera assuré à part égale 50-50 par lui et le gouvernement calédonien. Celui-ci, on le sait, est incapable d’assumer une telle dépense. « Nous ferons en sorte que les collectivités territoriales puissent prendre en charge ces dépenses, a souligné Bruno Le Maire. Je vous donne l’assurance que l’activité partielle sera bien financée pour les entreprises qui en ont besoin. Je suis parfaitement lucide sur la situation des finances du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, nous ferons ce qui est nécessaire pour assurer de cette mesure. Ce qui compte c’est que nous apportions aux entreprises ce dont elles ont besoin. Donc je vous le dis, les financements seront là, et l’État fera ce qui est nécessaire pour que les financements soient garantis et que les entreprises touchent ce à quoi elles ont droit ». Concernant le rôle des banques, Bruno Le Maire a réuni la Fédération Bancaire Française, « tout le monde bancaire est mobilisé, a-t-il précisé, et je n’hésiterais pas à convoquer à nouveau des réunions avec les banques pour m’assurer que tous les engagements qu’elles ont pris sont bien tenus et respectés ».
Reconstruire et refonder
« Ma méthode, a déclaré Bruno Le Maire sur RRB, c’est d’avancer pas à pas : bien distinguer les mesures d’urgence, les mesures plus importantes et plus structurelles pour nos entreprises, puis la stratégie de développement économique de l’île. C’est une stratégie en trois temps que je propose : répondre aux urgences, regarder ensuite les investissements plus importants, puis mettre sur pied la stratégie de développement de la Nouvelle-Calédonie. Le monde économique peut compter sur moi ». Mais il lance un appel aux responsables politiques et économiques calédoniens. « Je suis à disposition comme ministre de l’Économie et des Finances pour apporter mon soutien, mon aide, mon regard sur ce que peut être le développement économique de la Nouvelle-Calédonie, qui peut être un développement très positif, très favorable et très puissant. Mais je le redis, ce n’est pas la compétence directe de l’État, donc c’est aux collectivités territoriales, c’est aux acteurs économiques de faire des propositions ».