Pour ceux, et ils sont encore nombreux, pour qui l’univers des jeux vidéo est abscons, GTA (Grand Theft Auto) est une franchise au succès planétaire (425 millions d’exemplaires vendus). Dans ce jeu, le héros (le joueur) a tous les droits. Toute ressemblance avec la situation que nous connaissons n’est absolument par fortuite.
Dans ce jeu, le joueur peut tout se permettre. On peut tuer, violer, frapper et même voler (au travers d’un mod appelé « hot coffee »). En Nouvelle-Calédonie, en particulier durant la première semaine des violences, c’est exactement ce qui s’est passé. On a tué ou blessé des gendarmes, on a détruit, volé, pillé et certains témoignages font même état d’agressions, parfois sexuelles. Pour beaucoup des jeunes émeutiers, ils ont pu vivre GTA en direct. Souvent déscolarisés ou n’ayant rien trouvé dans l’école qui leur corresponde, et par ailleurs totalement ignorants de la question politique et des raisons officiellement déclarées par la CCAT (contre le dégel et la recolonisation), et incapables de comprendre au-delà du slogan ce que signifie l’indépendance, ces jeunes ont trouvé dans l’émeute l’exutoire à leur désœuvrement et leur ennui. Pour la plupart, ils ont vu dans l’appel de la CCAT à l’émeute, le moyen de mettre en pratique dans la rue ce qu’ils vivaient sur leurs écrans. Ils s’y sont donnés à cœur joie. Ce sont ces mêmes jeunes qu’a priori nous retrouverons dans les salles de classe à compter du 17 juin, jour présumé de la « rentrée scolaire ». Il faudra à ce titre bien du courage aux enseignants, pour se retrouver dans les mêmes salles de classe que certains de leurs « élèves » qui auront passé ces dernières semaines sur les barrages, à mener des violences et lancer des imprécations contre les blancs. Il faudra bien de la pédagogie à ces enseignants à qui, espérons-le, la hiérarchie éducative apportera tout son soutien, pour faire comprendre à ces collégiens et lycéens que le jeu est terminé.
Nicolas Vignoles