Mardi soir au journal télévisé de NC 1ère un reportage a été diffusé, évoquant le passage à tabac d’un jeune policier à un barrage de voisins vigilants à Tuband. Le vice-président de la province Sud, Gil Brial mis en cause dans ce reportage s’explique et annonce qu’il porte plainte contre la chaine.
La voix du Caillou : Au lendemain de ces faits, dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Gil Brial : Je suis serein sur le plan judiciaire, je suis plus inquiet en voyant la polémique évoluer et à quel point un reportage à la télévision peut faire des dégâts. Toute la nuit j’ai reçu des menaces contre moi, et contre mon entreprise.
LVDC : Que dîtes-vous des faits relatés par ce reportage ?
GB : Ils sont totalement faux. On m’a appelé pour m’informer qu’un jeune qui n’habitait pas le lotissement, voulait passer le barrage, or au couvre-feu on ne laisse entrer personne. Je me suis rendu sur place. Le jeune était agité, il avait insulté des gens, il sentait l’alcool. Il m’a indiqué où il voulait aller, il se trouve que c’était l’habitation de quelqu’un que je connais bien et qui n’attendait pas ce jeune, mais je l’ai quand même accompagné. Et là il a recommencé à insulter tout le monde en se prévalant de sa qualité de policier. Une personne qui était là, l’a simplement ceinturé, et tous les deux sont tombés à terre et ça s’est arrêté là. Tous ceux qui étaient là, y compris les gens chez qui il voulait aller, ont vu la scène et ont témoigné de ce qu’ils ont vu. Ce jeune a appelé la police, sans qu’il précise vraiment où il se trouvait, et ce qui est très surprenant, c’est que trois équipages, douze policiers, que des Kanak, sont arrivés sur place en moins de cinq minutes. Je suis reparti et avec les policiers on s’est croisé, ils m’ont dit qu’ils cherchaient un RAM blanc, et ça n’est pas la couleur du mien. On est descendu de la voiture, ils nous ont mis des coups de lampes dans la figure dans une ambiance très tendue, comme si nous étions des bandits de grands chemins. C’est comme ça que ça s’est fini. A aucun moment des coups ont été portés sur le jeune. Tous les témoins sont unanimes, le jeune policier était dans la provocation, il voulait prendre une baffe. Je trouve très étrange que ça soit arrivé aussi vite, donc je pense que c’est un coup monté qui vise à déstabiliser le travail que font les Calédoniens qui passent des nuits à protéger leur quartier et à vouloir faire croire absolument qu’il y a des milices en Nouvelle-Calédonie, alors que ce sont simplement des voisins qui se protègent. C’est cette partie-là qui m’inquiète davantage.
LVDC : Qu’attendez-vous de l’enquête ouverte ?
GB : J’attends que la vérité sorte et que l’on montre que ce que tout le monde a vu est vrai. Quant à ceux qui jettent des gens en pâture dans des reportages, car ils donnent mon nom et pas celui du jeune policier et qui est quand même le neveu d’un des responsables de la CCAT, et bien je vais porter plainte contre eux, ça c’est clair !
« J’ai même eu peur que ce soit une diversion »
Certains voisins, présents sur le barrage samedi soir, « aux alentours de 19 heures », ont suivi toute la scène et réfute intégralement la version de NC La 1re. Pour eux, pas de doute, « c’est un coup monté ». « C’est une évidence. Il recherchait une confrontation, il y avait une véritable provocation », explique l’un d’eux, assurant que le jeune en question est arrivé « ivre ». « Il était incohérent, il était incapable de motiver la raison de sa présence. Il disait juste qu’il était policier, qu’il pouvait faire ce qu’il voulait, qu’il pouvait aller où il voulait, qu’il avait le droit de boire. Et, à force d’être bloqué, il nous a dit qu’il allait seulement à cent mètres derrière, chez quelqu’un qu’il a dénommé », détaille-t-il. Les voisins décident alors de l’accompagner. « Personne ne l’attendait, mais il connaissait bien le fils des personnes chez qui il avait sonné », poursuit-il. Prévenu des tensions actuelles sur le barrage, d’autres voisins arrivent alors dans deux pick-up différents. Dans l’un des véhicules : Gil Brial, le vice-président de la province Sud. « Pour nous, quand il est avec son copain, c’est la fin de l’histoire. Il n’y a plus de problème, ajoute-t-il. J’ai même eu peur que ce soit une diversion à un moment donné. »
Mais, dans la foulée, trois voitures de police arrivent alors sur le barrage. « De notre côté, personne n’avait prévenu les forces de l’ordre », dit-il, laissant donc supposer que le jeune en question ait, de lui-même, prévenu les forces de l’ordre. « Pour nous, c’est vraiment une action qui était préméditée », assure un second voisin, alors qu’au moins « cinq ou six personnes » ont été entendus par la police, dès le dimanche matin pour certains.
Claire Gaveau