Lors de sa rapide venue en Calédonie, Emmanuel Macron a installé une mission de Hauts-fonctionnaires chargée de discuter, et fixé à un mois le délai pour ces discussions. Difficile de savoir où l’on en est, ni même s’il y a effectivement des discussions.
La mission est au travail et reste extrêmement discrète sinon silencieuse, sur les entretiens qu’elle peut ou qu’elle a pu avoir. Une discrétion de bon aloi dans la période, mais on sait notamment que les entretiens avec les indépendantistes sont extrêmement délicats. Il n’a échappé à personne en effet que les leaders indépendantistes observent un silence et une invisibilité quasi-totaux. Pour plusieurs raisons.
La peur au ventre ?
A l’exception de quelques-uns qui voudraient bien tirer les marrons du feu, et qui sont dans le viseur de la justice par ailleurs, la plupart des responsables des partis indépendantistes « traditionnels » sont tout à la fois submergés par l’ampleur des violences, et démunis face à elles. Ils n’ont plus aucune prise sur les différents groupuscules actifs et radicaux se revendiquant de la CCAT, y compris ceux qui ont créé cette Cellule de Coordination des Actions Terroristes. Ensuite, il y a l’absence de cohérence et de coordination dans le mouvement indépendantiste, où plus personne ne parle d’une seule voix. Une « désorganisation » que le FLNKS va tenter de réduire à l’occasion de son Congrès Extraordinaire du 15 juin prochain. Le seul point de convergence entre les partis indépendantistes tient au fait qu’aucun d’eux, n’a la solution pour sortir du chaos dans lequel nous a plongé la CCAT. Mais la principale raison de l’embarrassant silence de ces leaders est qu’ils ont tous la peur au ventre.
Menaces en tout genre
Ça n’est un mystère pour personne, que les responsables indépendantistes sont menacés par les plus radicaux des militants CCAT, ainsi le président du gouvernement Louis Mapou. Mais les plus « modérés » ne ménagent pas leurs imprécations contre les leaders. Récemment encore, dans un communiqué émanant des Relais CCAT de Païta et Boulouparis, des militants de la Conception et de la population de Jacarandas, il est fait état de la « grande perte de confiance envers les leaders indépendantistes pour mener notre pays vers son indépendance », et du fait que « les leaders Indépendantistes nous ont conduits à une situation économique désastreuse et un pays déficitaire par leur passivité et leur absence totale de réactions lors des décisions votées durant leurs mandatures ». Et le communiqué de ménage pas les critiques, « depuis le début du soulèvement populaire, est-il écrit, aucun des leaders politiques ne s’est courageusement manifesté auprès des populations. Cependant ils ont subitement fait leur réapparition à l’arrivée de Macron sur le territoire en s’empressant de le rencontrer sans même recueillir au préalable le sentiment de révolte du peuple ». Et ce groupe de la CCAT, comme d’autres avant lui, réclame la démission des élus indépendantistes. Dans ces conditions, on voit mal comment ces derniers, prendraient le risque presque mortel de négocier un accord et plus encore de le signer !