Si quelques timides ont osé rouvrir leurs portes dès la semaine dernière en horaires aménagées, ce début de semaine a marqué un “vrai retour” des commerces, restaurants, snacks, instituts et autres structures, au sein de Nouméa. Une réouverture néanmoins teintée d’incertitudes quant à l’avenir, pour nombre d’entre eux.
Encore désert de voitures il y a quelques jours, le centre-ville de Nouméa semblait comme revenu à la normale, ce mardi matin. Dans certaines rues, les rideaux de fer des magasins étaient quasiment tous relevés. Des commerces de bouche, mais aussi de prêt à porter, de matériel informatique, des snacks et des restaurants.
“Faire revivre le centre-ville”
Pour certains, la réouverture s’est faite dès samedi, veille de la fête des mères. “On ne savait pas à quel moment rouvrir, car on avait peur des représailles. Puis on s’est dit qu’à un moment donné, il fallait faire revivre le centre-ville, donc on a fait un essai pour la fête des mères”, partage Carine Ammar, gérante de la boutique de prêt à porter Melrose. Si cette journée s’est avérée peu concluante – “c’était désert”, décrit Carine -, le retour était nécessaire. “J’ai quatre employés, je ne sais pas comment je vais les payer. Deux semaines sans pouvoir travailler, ça fait beaucoup”, s’inquiète-t-elle. Une inquiétude qui, selon elle, ne va pas aller en s’arrangeant : “Là, la priorité, c’est de faire de l’essence, trouver à manger… Puis il y a pleins de gens qui ont perdu leur travail, ils ne vont pas aller acheter des vêtements. Sans compter tous ceux qui vont quitter le territoire… Je ne suis pas pessimiste de nature, mais là, le commerce, ça va être catastrophique”, regrette-t-elle.
Non loin, Chantal et Christine, employés au sein d’une horlogerie et bijouterie, ont également rouvert leur boutique samedi. Œuvrant depuis vingt-cinq ans au sein de la même boîte, c’est “la première fois” qu’elles sont sujettes aux interrogations vis-à-vis de leur emploi. “Quand il y avait le covid, on savait que le lendemain ça allait repartir. Là, c’est le cauchemar. Même si on réouvre, on n’a pas de visibilité. Les difficultés financières de certaines personnes maintenant mises au chômage vont se répercuter sur les achats. Forcément, car nous ne sommes pas un commerce prioritaire”, développent-elles.
Quelle suite ?
Un sentiment partagé par Laurent*, gérant d’un petit café au Quartier-Latin, ouvert il y a seulement un an. Lui a rouvert ses portes ce mardi, après avoir vu que ses voisins le faisaient en toute sécurité. Et parce que, comme Carine, “il faut que ça continue à vivre”. Néanmoins, il s’inquiète pour l’avenir, “surtout parce que j’ai des enfants et des traites à payer, et que si ça continue comme ça, je vais être obligé de fermer…”, souligne-t-il. Il faut dire que cette zone du centre-ville est “très dépendante des arrivées de cars”. “Mais maintenant qu’il n y a plus de bus Tanéo, forcément, il y a beaucoup moins de monde…”, décrit-il.
Si certains de ces commerçants n’arrivent pour le moment pas à “concevoir l’avenir” ou ont “peur que ça recommence”, nombreux d’entre eux s’autorisent un “petit espoir” : celui que “tout redevienne comme avant” ou, du moins, “que ça redémarre économiquement pour tout le monde”.
Nikita Hoffmann