En marge des émeutes réalisées dans le Grand Nouméa ces derniers jours, plusieurs rassemblements et rencontres sont organisés dans les communes de la province Nord, afin de rassurer les habitants et éviter que la “crise” n’arrive jusqu’à eux.
Certains l’auront sûrement vu passer sur Facebook, ces derniers jours. Avec plus de 500 000 vues récoltées en quelques heures, la vidéo des “Jumeaux” de Poindimié, Patrick et Eric Watanabé, a fait le buzz. On y voit la rencontre organisée jeudi 16 mai, entre les habitants du village – une cinquantaine de personnes – et les membres de la CCAT de Poindimié. Un rendez-vous mis en place avant tout pour “rassurer les populations”, explique Patrick Watanabé, co-gérant de la boucherie “Les Jumeaux”, à l’initiative de cet évènement. “Quand on a appris ce qu’il s’était passé à Nouméa, on s’est dit qu’il fallait aller voir les membres de la CCAT, pour en avoir le cœur net, et connaître leurs positions. Par la suite, ce sont eux qui sont venus nous voir à la boucherie, pour nous rassurer une nouvelle fois, nous, commerçants, et réaffirmer qu’ici, à Poindimié, il n’y aura rien de brûlé. C’est à ce moment-là qu’on leur a proposé de rassembler toute la population, et d’organiser une rencontre avec eux […] Autour de nous, beaucoup d’habitants avaient très peur que ça arrive en Brousse”, raconte le boucher.
“Poindimié, c’est le vivre ensemble”
Après un geste coutumier déposé par l’ensemble des habitants, Donatien Poaragnimou, membre de la CCAT, a pris la parole. Lors de son discours, il a réaffirmé la démarche pacifique de la CCAT de Poindimié, au nom du “vivre-ensemble”, propre à cette commune de la côte Est. “En 1984-88, pendant les Évènements, le pays était comme aujourd’hui, en feu. Pendant cette période, Poindimié a eu une histoire particulière. Mais à aucun moment on a brûlé nos commerces. On a fait preuve d’humilité et de respect […] Ici, on a cette habitude là de partager le café ensemble, de manger ensemble, et surtout, de rigoler ensemble. Poindimié, c’est le vivre ensemble”, a-t-il déclaré.
Des paroles qui ont su apaiser les inquiétudes, aussi bien des habitants de Poindimié, que “de toute la brousse”. “A la suite la publication de la vidéo, on a été débordés de messages sur les réseaux, de personnes qui nous disaient ‘ça nous rassure d’entendre ça’”, indique Patrick Watanabé.
Rassurer les populations
Dans les jours qui ont suivi, cette rencontre a inspiré les relais de la CCAT d’autres communes, qui ont organisé des évènements similaires. D’abord, à Koné, où une rencontre a été organisée entre les chefs d’entreprises de la zone et les membres de la CCAT, puis à Poya, vendredi dernier, en présence du personnel du dispensaire, de membres de la mairie, de commerçants, et d’habitants de Poya Sud. Là aussi, “l’objectif était de les rassurer, par rapport à ce qui se passait sur Nouméa, et leur dire qu’on allait sécuriser le village”, précise l’un des membres de la CCAT de Poya.
Sur la commune, des rondes se sont ainsi mis en place chaque soir, de 18 heures à 6 heures, afin de surveiller les environs, ainsi que Népoui. “Ça se fait en collaboration avec la gendarmerie. Chaque jour, une liste de garçons se porte volontaires, et je transmets cette liste à la gendarmerie”, explique cette même source. “Au Nord, on a appris le vivre ensemble, donc tout se fait dans le respect de chacun. Notre seul combat, il est contre le dégel du corps électoral, c’est tout”.
Nikita Hoffmann