L’annonce de la visite éclair d’Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie a constitué une surprise. Mais que peut-il en sortir ? Personne n’en a la moindre idée.
13 mai 1958, c’est l’émeute à Alger. Moins d’un mois plus tard, le général de Gaulle débarque et lance à la foule rassemblée son ambiguë « Je vous ai compris », forgeant ainsi le grand malentendu gaullien.
13 mai 2024, la CCAT déclenche ses opérations de destruction et de déstabilisation. Moins de deux semaines plus tard, Emmanuel Macron débarque. Il ne fera pas de discours dans une Nouméa dévastée, mais aura des entretiens avec les responsables politiques, à l’issue desquels il pourrait s’exprimer. Reste à savoir ce que le président de la République a compris, lui, de ce qui se passe sur le Caillou.
Avec qui s’entretenir ?
Les motifs de la visite présidentielle qui, à l’instar de celle de François Mitterrand en 1985 ne durera qu’une journée, sont encore flous. Et par ailleurs, ses interlocuteurs potentiels lui tiendront des discours divergents profondément. Loyalistes et Rassemblement vont réaffirmer qu’on ne dialogue pas, et que l’on négocie encore moins, en état d’urgence, dans une Nouvelle-Calédonie effondrée et ruinée. Les deux mouvements craignent que, sous la pression, des annonces qu’ils jugent « inopportunes » puissent être faites, comme de reporter sine die la convocation du Congrès de Versailles. Ce report, c’est justement ce que réclament certaines autres personnalités politiques comme Philippe Gomès, Georges Naturel, Sonia Lagarde ou bien encore Simon Loueckhotte, et qui le feront à nouveau savoir au chef de l’État. Et puis, il y a les indépendantistes. Chez nos confrères de NC 1ère, Roch Wamytan a déjà fait savoir que le format dans lequel s’inscrit cette visite présidentielle « n’est pas le bon », contestant la présence, aux côtés du président, de Gérald Darmanin et de Sébastien Lecornu, dont le FLNKS ne veut pas entendre parler. Les indépendantistes, qui ont déjà refusé de participer à la visioconférence que leur proposait Emmanuel Macron, accepteront-ils de le rencontrer et lesquels ? Question posée au vu de la pression exercée par la ou les CCAT sur les responsables du FLNKS. Responsables aux positions divergentes entre un Roch Wamytan interrogé sur les médias nationaux, un Louis Mapou quasi invisible et un Daniel Goa silencieux.
La difficulté ça n’est pas la mission, c’est le dialogue
Nombreux sont ceux, à Paris comme à Nouméa, qui réclament l’instauration d’une mission du dialogue. Mais dans la période, la difficulté ça n’est pas la mission, c’est le dialogue. D’ailleurs, Prisca Thevenot, porte-parole du gouvernement, annonçant la venue d’Emmanuel Macron, a parlé de « mission » sans la qualifier de dialogue. Cité par le quotidien Le Figaro, l’entourage du président soulignait que si l’enjeu est la reprise du dialogue, « il n’y a pas de scénario écrit à l’avance en partant de Paris ». Par ailleurs, le chef de l’État va effectuer cette visite dans un territoire où le calme et l’ordre républicain ne sont toujours pas rétablis, et donc que les conditions d’une reprise du dialogue ne sont pas réunies loin de là. Une Nouvelle-Calédonie dans laquelle surtout le peuple souffre des exactions, de la violence, des destructions, des menaces et de la peur que leur infligent les tenants de la République de kanaky. Ça au moins, il faudrait que le président l’ai bien compris.
N.V.