L’association Caledoclean a célébré ces derniers jours ses douze ans d’existence. Créée en 2012 par cinq Calédoniens désireux d’agir en faveur de la préservation de l’environnement, elle a évolué jusqu’à devenir aujourd’hui l’une des principales organisations environnementales sur le territoire. Nous avons fait le point avec Thibaut Bizien, son co-fondateur.
La voix du Caillou : Quel bilan tirez-vous à l’issue de ces douze ans d’existence ?
Thibaut Bizien : En douze ans, l’association a eu majoritairement trois missions principales. La première – et c’est d’ailleurs l’objet de sa création en 2012 -, était de dépolluer l’environnement, au travers d’actions de nettoyage, au cours desquelles on fait le tri des matières pour pouvoir les envoyer au recyclage auprès des entreprises locales. La deuxième action, c’est celle de la reforestation, donc le fait de restaurer les espaces naturels dégradés par les activités humaines ; qu’il s’agisse des mines, des incendies ou les coupes de bois. Tout cela, dans l’objectif de conserver la biodiversité et les espèces endémiques menacées. La troisième mission, c’est de sensibiliser, en impliquant les citoyens calédoniens dans des actions concrètes en faveur de la préservation de l’environnement. En douze ans, ces actions ont permis la récolte de 10 tonnes de déchets, et la plantation de 150 000.
LVDC : Financièrement, sur quoi vous appuyez-vous ?
T.B. : Aujourd’hui, on est financés à la fois par les subventions de la part des institutions – à hauteur de 40% -, mais aussi beaucoup par le mécénat, notamment au travers des appels à projet et des prestations.
LVDC : Si vous deviez citer trois événements marquants, quels seraient-ils ?
T.B. : Honnêtement, il y a eu beaucoup d’événements très marquants. Aujourd’hui, nous avons une action tous les week-ends depuis 2018, et on en a aussi en semaine, ce qui fait en moyenne 60 actions par an, c’est énorme. Il y a eu pleins de moments très importants, je pense notamment au nettoyage de l’ensemble de l’île de Maré avec Trecodec en 2019 lors duquel on a sorti plus de 70 tonnes de déchets. Début 2020, on a aussi nettoyé La Coulée, puis la tribu de Saint-Louis l’année dernière. Ce sont des actions très conséquentes et marquantes, mais il n’y a pas une action qui en vaut une autre, car elles sont toutes importantes, et à chaque fois c’est un public différent, des nouveaux souvenirs, et surtout des résultats qui sont toujours impressionnants. Ces douze ans d’expérience associative, elles nous ont amené à la rencontre de notre pays et de sa population, de ses problématiques et des solutions qu’on pouvait mettre en œuvre aussi.
LVDC : Avez-vous d’autres projets à l’avenir ?
T.B. : Oui, carrément. Nous avons un très gros projet, qui est celui de pouvoir investir sur l’achat d’un terrain, sur lequel on pourrait installer notre pépinière associative, mais aussi des activités comme de l’agriculture et de la sylviculture. Nous avons d’ailleurs lancé une campagne de financement participatif sur notre site internet (www.caledoclean.nc). L’idée c’est de pouvoir avoir un coup de pouce, qui nous permettrait d’œuvrer dans les dynamiques écologiques. Là ce serait notamment pour la transition et l’autonomie alimentaire. Ce serait notre quatrième mission.
LVDC : Où vous voyez-vous dans douze ans ?
T.B. : Rires. Potentiellement sur notre terrain ! Après, c’est difficile à dire, parce que le contexte n’est jamais évident, les financements peuvent manquer, les projets peuvent ne pas aboutir aussi… Mais si la possibilité nous est donnée de nous maintenir encore douze ans, l’idée ce sera de consolider notre projet associatif, de continuer d’être acteurs et de gagner en efficacité, et de toujours réussir à mobiliser des personnes sur la préservation de la biodiversité à travers nos actions. J’espère que dans douze ans, on aura un grand champ avec pleins de choses à manger, et qu’il y aura surtout beaucoup moins de déchets dans la nature ! (Rires)
L’évolution de Caledoclean dans le temps
Caledoclean est fondée en 2012 par un groupe de cinq Calédoniens. Constatant que « les endroits où on allait en étant gosses devenaient de plus en plus sales », Thibaut Bizien et ses amis décident de mettre en place quelques actions de récolte de déchets. Au fur et à mesure, le soutien et les partenaires (institutions et entreprises) se font de plus en plus nombreux. En 2017, l’association – qui comptait précédemment sur des bénévoles – se professionnalise, avec l’objectif de pouvoir mener des actions à temps plein, en ayant des équipes de salariés. « Ça permettait de multiplier nos activités, et donc notre impact », souligne Thibaut Bizien. C’est un an après que les plantations se mettent en place, à raison d’une action chaque week-end, en plus des actions réalisées en semaine avec les établissements scolaires.
Propos recueillis par Nikita Hoffmann