Deux jours après le massacre de Bondi Junction, Sydney a de nouveau été le théâtre d’une attaque au couteau. Elle a été perpétrée par un jeune musulman de 15 ans dans une église orthodoxe assyrienne.
Quatre personnes ont été blessées, mais aucune grièvement. La cible était l’évêque Mar Mari Emmanuel qui, si ses positions divisent la communauté orthodoxe, est particulièrement populaire en étant suivi par plus de 200 000 personnes sur les réseaux sociaux, où il partage notamment ses sermons. C’est d’ailleurs alors qu’il prononçait un sermon à l’Église du Bon Pasteur que l’attaque a eu lieu. La police de Sydney, comme la communauté assyrienne, a donné des nouvelles rassurantes de la santé des quatre personnes visées. Le jeune de 15 ans a été rapidement maîtrisé par les fidèles. Mais les policiers ont dû le placer sous protection, la foule en colère étant prête à lyncher littéralement l’adolescent. Et dès l’annonce de l’attaque, une foule en colère s’est massée aux abords de l’église, bien décidée à faire subir un mauvais sort au jeune assaillant. Le déploiement de forces de l’ordre a été impressionnant, mobilisant plus de cent policiers, dont des hommes de la brigade anti-émeute. Il y a eu des affrontements, des policiers ont été blessés par des jets de pierres et des véhicules endommagés. Le commissaire adjoint Andrew Holland a précisé qu’il avait fallu plusieurs heures à la police pour maîtriser la situation et exfiltrer le jeune assaillant. Ce n’est que lorsque la situation a été jugée suffisamment calme, que les forces de l’ordre ont fait sortir le jeune homme de l’église et l’ont conduit dans un lieu tenu secret. Le garçon présentait des blessures assez graves, notamment à la main puisque l’on parle de doigts coupés. Dans un communiqué, la communauté musulmane Ahmadiyya d’Australie a condamné l’attaque et a déclaré qu’elle priait pour le rétablissement des victimes.
Un héros français
Damien Guerot, un français vivant à Sydney s’est illustré lors de la tuerie de Bondi Junction. Armé d’une sorte de plot (bollard en anglais d’où son surnom de « Bollard Man »), il a empêché le tueur de monter à un autre étage du centre commercial en le bloquant sur un escalator. « Vous êtes les bienvenus ici, vous êtes les bienvenus pour rester aussi longtemps que vous le souhaitez », lui a dit le Premier ministre Anthony Albanese, en annonçant la naturalisation australienne du héros.
« Nous ne parlons que de ce qui s’est passé ces derniers jours »
Voilà huit ans que Louise, une jeune Calédonienne de 26 ans, vit à Sydney où elle travaille dans une agence de communication. Elle nous a livré son ressenti.
« Nous ne parlons que de ce qui s’est passé ces derniers jours, nous a-t-elle dit. Mais les deux attaques sont très différentes. L’attaque de Bondi Junction est effrayante, parce que ce sont des personnes qui faisaient leurs courses qui étaient visées, et puis Bondi Junction est un endroit très touristique où tout le monde va. Le tueur était schizophrène et a frappé n’importe qui. Dans l’attaque d’hier, qui a eu lieu dans un quartier éloigné de la ville, c’est une personnalité religieuse très connue qui était visée par un jeune de 15 ans, musulman et connu de la police. Au bureau, on a beaucoup parlé de l’attaque de Bondi Junction parce que c’est tout le monde qui était visé, et on s’est dit que ça aurait pu être nous. Les gens qui ont été tués, c’était des gens comme nous. La maman qui a été tuée, elle venait de poster une photo de son bébé qui venait d’avoir 9 mois, elle était partie faire ses courses à Woolworths et elle n’est pas revenue, l’étudiante chinoise qui avait fini ses examens et qui était à Bondi pour s’acheter un tee-shirt, était en ligne avec son fiancé en Chine 10 minutes avant d’être tuée. Alors aujourd’hui en Australie, il y a un débat sur le port d’arme, et sur le fait qu’il faudrait peut-être autoriser les agents de sécurité à porter une arme. Parce qu’une des victimes à Bondi était un agent de sécurité, alors on se dit que s’il avait eu une arme, il aurait peut-être pu éviter ce drame »
