Favoris au départ, les Tahitiens Thomas Lubin et Cédric Wane ont remporté le swimrun de Yaté samedi matin. Avec des souvenirs plein la tête et l’envie, d’ores et déjà, de revenir l’année prochaine.
Avec ses grandes plages de sable blanc et ses eaux cristallines, la Polynésie française n’a rien à envier à la Nouvelle-Calédonie. Pourtant, les Tahitiens Thomas Lubin et Cédric Wane, actuellement présents sur le Caillou, avaient des étoiles plein les yeux après plus de cinq heures à sillonner le parc provincial de la rivière Bleue, théâtre du Swimrun de Yaté samedi matin. « Nous avons été émerveillés par les décors et par cette réserve naturelle. C’était à couper le souffle », glisse le premier. Ils ont notamment été envoûtés par la forêt noyée. Un paysage « psychédélique » qui leur a permis de « supporter la souffrance du moment ». « Cette image va rester, cela nous a vraiment marqués, abonde son binôme. A ce moment-là, on était un peu dans le dur, on était fatigué et on attendait avec impatience le cinquième ravitaillement. Et le fait de voir tous ces troncs d’arbre sous l’eau, ça a transcendé la douleur. »
« On avait la tête qui vadrouillait un peu »
Car, s’il fallait le rappeler, Polynésie française et Nouvelle-Calédonie ont bel et bien leurs spécificités. « Cette végétation finalement, on ne l’a pas vraiment. On a un peu de terre rouge, mais pas sur des étendues aussi vastes », explique Cédric Wane. « La deuxième partie du parcours offrait vraiment des vues panoramiques. Il fallait qu’on regarde devant, mais on avait la tête qui vadrouillait un peu », rigole Thomas Lubin. Subjugués, mais pas déconcentrés. Le duo du Fenua a peu à peu pris l’ascendant sur ses poursuivants. « On s’est retrouvé avec Jimmy Pebellier et Jonathan Mary. On a fait quasiment deux heures avec eux. J’avais l’impression d’être au café, on discutait vraiment de la pluie et du beau temps », poursuit Cédric Wane, vainqueur du semi-marathon de Moorea fin mars, heureux d’avoir pu nager « en eau douce », « c’est plus agréable ».
« Tête-à-tête à quatre »
« On s’attendait à ce que l’allure à pied soit beaucoup plus corsée que cela, mais c’est parti sur des bases qui nous convenaient », poursuit-il. Alors, à l’approche de la première montée, ils ont mis fin à ce « tête-à-tête à quatre ». « J’ai dit à Thomas qu’on mettait les voiles, et à partir de là, on était dans notre gestion », sourit-il. « On a eu une course sans embûche, on a vraiment pris beaucoup de plaisir », savoure ce binôme « extrêmement homogène ». « Nos niveaux, que ce soit en natation et en course, sont presque similaires. C’est notre grande force je pense, développe Thomas Lubin. Et, en plus, on a un super rapport poids-puissance. Surtout lorsqu’il y a du dénivelé. On peut vraiment être costauds sur terre. »
Tahiti et le Canada avant la Suède
Ils l’ont prouvé alors que ce swimrun leur servait de préparation avant le lancement de la saison internationale. Ils enchaîneront avec « quelques courses locales », en Polynésie, avant de participer à une première étape du circuit mondial. S’ils ne devraient pas être présents lors des deux rendez-vous inauguraux, en Suède (8 juin) et en Suisse (29 juin), Thomas Lubin et Cédric Wane sont logiquement attendus au Canada, à Whistler au nord de Vancouver, le 7 juillet prochain. « Cela va être un format assez similaire à ce que l’on vient de faire ici, à Yaté », précise Thomas. Mais, le « grand objectif de la saison » est programmé en Suède lors des championnats du monde de la discipline. Une course qu’ils connaissent alors qu’ils s’étaient classés 13es l’année dernière. Il devrait, logiquement, y retrouver le Calédonien Hugo Tormento. Le double champion du monde de swimrun était engagé « pour le plaisir » au côté de Camille Lacourt samedi, avant de retrouver son partenaire habituel, le Suédois Max Andersson, pour viser les podiums.
Claire Gaveau