De la Calédonie au Texas

Chaque année, la SLN produit plus d’un million de tonnes de scories de nickel. Depuis plus de deux ans, elle collabore avec une société américaine qui importe une partie de leur scorie.

Cela fait plus de deux ans que la SLN a un partenariat avec Mineral Tech, une entreprise située à Crosby, au Texas. Cette société, fondée en 2011, fabrique des produits abrasifs qu’elle vend à de nombreux marchés comme l’industrie pétrochimique et de raffinage et la construction navale. À l’heure actuelle, Mineral Tech importe 40 000 tonnes de scories de nickel calédonienne par an. Afin de renforcer ce partenariat, les deux gérants de l’entreprise texane sont venus en visite sur le territoire.

Les scories de nickel, un vrai avantage pour les industriels

C’est en cherchant un substitut aux scories de charbon que Mineral Tech est tombé sur la scorie de nickel calédonienne. Les industriels ont d’abord importé une petite quantité de scories, afin d’effectuer quelques tests. « Nous avons fait à peu près un an et demi de recherches sur ce produit, explique Glenn McClain, co-gérant de Mineral Tech. Nous avons effectué de nombreux tests, qu’il a passé haut la main ! Nous avons donc construit ce partenariat autour de beaucoup de recherches et de développement, et c’est une dynamique que nous souhaitons poursuivre dans l’avenir, avec une augmentation de la recherche au niveau des possibilités de ce produit ». Un produit de dynamitage, aussi appelé abrasif de dynamitage, est une substance utilisée dans le processus de grenaillage ou de sablage. Le grenaillage est une technique industrielle qui consiste à projeter des particules abrasives sur une surface à grande vitesse pour enlever la rouille, la peinture, les revêtements indésirables, ou pour préparer la surface avant l›application de nouvelles couches de peinture ou de revêtements. « L’abrasif pour le sablage doit être dur, pour être en mesure de fracturer la structure, précise Shawn Barnes, co-gérant de Mineral Tech. Il doit être plus dur que la scorie de charbon, et c’est le cas pour la scorie de nickel. De plus, c’est un produit très propre, qui émet peu de poussière, et ça, c’est très important. Enfin, si on prend de la scorie de cuivre, ça laisse des traces rouges sur l’acier. Nous n’avons pas ce problème avec la scorie de nickel, qui laisse une surface de sablage impeccable ».

Emerald Blast, de plus en plus populaire

Un des produits vendus par Mineral Tech provient donc de la scorie de nickel calédonienne, et est vendu sous le nom d’« Emerald Blast » à de nombreux clients situés principalement aux États-Unis, comme Shell et Exxon. La société commercialise deux tailles de produits différentes. « La taille des grains est importante pour le sablage, complète Yves Véran. Mineral Tech tamise le produit pour créer différentes tailles. Aujourd’hui, deux types de produits sont déjà disponibles, et un troisième est sur le point d’être créé ».

Un partenariat qui s’inscrit dans le temps

« Nous avons la volonté de développer encore davantage notre entreprise, et c’est pour cela que nous sommes ici, à construire ce partenariat, affirme Shawn Barnes. L’objectif à long terme est d’augmenter la quantité de scories de nickel importée, mais je ne peux pas vous donner un chiffre précis pour le moment ». Cette visite était aussi l’occasion pour les industriels de s’assurer de la capacité de la SLN à exporter : « ils voulaient voir si la SLN était prête à s’engager à moyen et long terme, mais également voir de leurs propres yeux le stock de scories, afin d’être sûrs que le pays soit prêt à l’exportation. Ils ont d’ailleurs rencontré le gouvernement afin d’en discuter », complète Yves Véran. Lors de leur visite, les deux co-gérants ont pu découvrir tout le processus, étape par étape, de la fabrication de scories de nickel, mais également les différentes normes qui encadrent le travail de la SLN. Ils ont donc une vision globale du processus. De quoi être rassurés pour la suite des choses.

Une question de responsabilité

L’export de scories de nickel permet à la SLN d’écouler leur stock. « En tant que producteur de nickel, c’est à nous de prendre en charge le traitement de la scorie, explique Yves Véran. Nous ne pouvons pas stocker ce produit ad vitam aeternam. En plus, la scorie a de la valeur, c’est un bon produit, notamment pour le sablage ». Enfin, abordons l’aspect financier. Cette exportation permet-elle une arrivée d’argent conséquente qui sauvera un secteur du nickel lourdement endetté ? Pour le moment, non. Mais il faut tout de même souligner la plus-value que cette exportation apporte à la Nouvelle-Calédonie en termes de visibilité en tant que pays exportateur. En effet, même s’il s’agit d’un marché de niche, c’est tout de même un produit 100% calédonien qui se retrouve dans de nombreuses entreprises aux États-Unis.

Kim Jandot

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