En dix ans, il se rend coupable de deux accidents mortels

Condamné en 2013 pour avoir tué son beau-frère, un homme de 35 ans a été, à nouveau, sanctionné par la justice pour avoir été à l’origine d’un accident qui a coûté la vie à son cousin, le 18 novembre dernier, au Mont-Dore.

C’est un dossier qui n’a certainement pas d’égal. Pas tant pour les circonstances de cet accident mortel qui a coûté la vie à un père de famille de 32 ans le 18 novembre dernier sur la route des Deux-Baies, au Pont-des-Français (Mont-Dore) : comme toujours, on y retrouve le triste cocktail d’une consommation excessive d’alcool et d’un non-port de la ceinture. Mais davantage pour le profil de l’homme qui vient de prendre place à la barre du tribunal correctionnel de Nouméa devant lequel il encourt la peine de dix ans de prison pour homicide involontaire.

Ce jour de novembre, le prévenu de 35 ans déjeune en famille. Il vient de rentrer d’un long séjour en Métropole, l’ambiance est aux retrouvailles. Les bières de 50 cl s’enchaînent. Le trentenaire en boira une douzaine. Jusqu’à ce moment, dans l’après-midi, où il propose de ramener la voiture d’un ami qui vient de l’acheter la veille pour sa fille. Il embarque avec lui son cousin. Et le cauchemar se produit. Sur une ligne droite, « on était en train de rigoler et je n’ai pas fait attention que la voiture était en train de se déporter sur la voie d’en face, raconte le seul survivant de ce drame. J’ai mis un coup de volant pour éviter un véhicule et j’ai repris conscience qu’après l’accident. » Les automobilistes témoins de la scène se souviennent que la voiture a quitté la chaussée, percuté une buse en béton avant de s’encastrer violemment dans un abri de bus. « Sous le choc, la voiture a fait un bond. L’arrière était plus haut que l’avant de la voiture », décrit l’un d’eux. Un autre a vu « la voiture changer de direction d’un coup ». Roulait-il vite ? Tous, dont le prévenu, s’accordent à dire qu’il avait respecté les limitations de vitesse.

« On a atteint l’inimaginable »

Sans ceinture, son passager est éjecté. Il perdra la vie quelques minutes plus tard, laissant derrière lui sa femme et deux enfants. Le conducteur fautif, qui avait 1,6 gramme d’alcool dans le sang, présente ses « excuses » et ses « regrets » devant le tribunal, « j’étais inconscient de prendre le volant ». Sauf qu’il ne pouvait pas dire qu’il ne savait pas. Car dix ans plus tôt, il avait été condamné par ce même tribunal à trois ans de prison dont deux ans avec sursis pour avoir provoqué au volant la mort de son beau-frère. Son permis avait été annulé. Il ne l’a, depuis cette date, jamais repassé. « Je n’avais pas le temps, ni les moyens », affirme ce maçon. La présidente Hélène Gaillet ne remet pas en cause ses excuses « et le poids de la culpabilité mais c’est la deuxième fois que vous êtes jugés pour un homicide involontaire… Comment est-ce possible de se retrouver dans la même situation dix ans plus tard ? C’est désolant et on se dit qu’on pourrait vous retrouver à cette barre pour les mêmes faits dans quelques années ».

La procureure de la République Isabelle Fuhrer « oscille entre la colère et le désespoir. Dans ces dossiers d’accidents mortels, j’essaye toujours de faire des rappels sur la sécurité, sur ce qu’il faut faire et éviter. Mais là, les mots me manquent, on a atteint l’inimaginable. Il a tué deux personnes en dix ans ». La représentante du ministère public requiert 5 ans de prison dont trois ans avec sursis probatoire pour sanctionner « un homme qui a toujours continué à conduire et pas toujours sobre. Le 18 novembre dernier, il a ingurgité six litres de bière, ce sont des quantités astronomiques ».

Les avocats des parties civiles, Me Gustave Tehio pour la maman et Me Charlie Laroche pour l’association SOS Violences désignée administrateur ad hoc pour les deux mineurs, ont tour à tour évoqué « le processus de deuil extrêmement douloureux. Ces enfants vont devoir se construire avec un père qui manque ».

« Il mérite d’aller en prison »

Son avocat Me Cédric Bull en convient, « on ne peut plus parler d’écart avec deux drames similaires en dix ans ». Le conseil insiste sur la victime qui n’était pas « un inconnu ou un copain de beuverie » de son client mais bien plus, « un ami, un frère, un cousin avec qui il a grandi ». Si le prévenu « a conscience qu’il mérite d’aller en prison, ou en tout cas de ne pas sortir libre de ce procès », Me Bull a critiqué le quantum de la peine requis par le parquet qui n’a « pas de sens ».

Une fois revenu de la salle des délibérés, le tribunal a suivi les réquisitions et condamné le trentenaire à cinq ans de prison dont deux ans avec sursis probatoire et l’interdiction de passer le permis de conduire pour les cinq prochaines années. Mandat de dépôt oblige, il a été transféré au Camp-Est à l’issue de son procès.

Jean-Alexis Gallien-Lamarche

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