La résidence Magnin a ouvert ses portes (notre édition de vendredi), une nouvelle histoire pour cet établissement créé par le docteur Magnin. Portrait d’un homme qui a compté dans l’histoire calédonienne.
Raymond Magnin est né en 1901 à Nouméa, de Jeanne-Marie Ducasse et Arthur Magnin. Après des études de médecine à Paris, il revient s’installer en Nouvelle-Calédonie en 1931. Il ouvre son premier bloc opératoire dans la maison familiale, située au 51 rue de Sébastopol. « À l’époque, il n’y avait en Calédonie que les médecins du bagne et de l’armée, et ils ne s’ouvraient pas au public, précise Jean-Jacques Magnin, fils de Raymond Magnin. La population locale n’avait pas de médecin, n’était pas soignée. Il a commencé son activité à ce moment-là. C’était difficile, car la médecine n’était pas ce qu’elle était aujourd’hui ». On peut penser qu’étant le seul médecin ouvert au public, Raymond Magnin croulait sous la demande. Pourtant, ce n’était pas forcément le cas : « Les gens étaient habitués à ne pas être soignés, explique Jean-Jacques Magnin. On allait voir un médecin seulement quand on allait très mal, souvent trop tard d’ailleurs. Mais les dents cariées ou la vue qui baisse, les gens faisaient avec ».
De la rue de Sébastopol au Château Unger
Au fil du temps, la culture du soin s’installe dans la population. Le cabinet médical devenant trop petit, Raymond Magnin doit déménager. Il acquiert le château Unger en 1938, à la Vallée-des-Colons, là où est maintenant située la résidence Magnin. Raymond Magnin crée ainsi la clinique Magnin ainsi que le premier centre de transfusion sanguine. Quelques années plus tard, la deuxième guerre mondiale éclate. Comme le souligne Jean-Jacques Magnin, la guerre marquera un tournant dans la médecine. « Les américains sont arrivés avec de nouveaux outils, de nouvelles chirurgies, des médicaments, les antibiotiques… La Nouvelle-Calédonie a été un des premiers pays à utiliser la pénicilline, principalement pour les soldats américains blessés ». Au fil des années, la clinique devient de plus en plus performante : mise au point des techniques de fractionnement des constituants du sang, arrivée d’un nouveau docteur spécialiste de la chirurgie osseuse (docteur Delagarde), construction d’un bâtiment pour les infirmières, construction d’un bloc opératoire, expansion du bloc médico-obstétrical-chirurgical, nouveau bâtiment pour maternité, ouverture d’un service de cobaltothérapie… Raymond Magnin sera récompensé de son engagement envers la santé des Calédoniens en étant nommé chevalier de la Légion d’honneur. Il décède en 1985.
Perpétuer l’histoire de la famille
« Et un beau jour, plus de place à la clinique, raconte Jean-Jacques Magnin. Après discussions, nous sommes donc partis nous installer à Nouville en 2018 ». Mais que faire du terrain de l’ex-Château Unger ? Promotion immobilière ? « Bof, nous répond Jean-Jacques Magnin. C’est rentable, c’est certainement une bonne opération immobilière. Mais ce n’est pas l’histoire de la famille ». La famille continue de réfléchir, et cette idée de maison de retraite germe dans son esprit. C’est en ce sens que le 8 janvier 2024, 93 ans après l’ouverture du 1er cabinet médical de Raymond Magnin, 86 ans après l’installation au Château Unger et 6 ans après le déménagement de la clinique Magnin à Nouville, un nouveau projet voit le jour : la résidence Magnin.
Kim Jandot