Le dégel du corps électoral doit faire l’objet soit d’un accord, petit ou global, soit d’une révision constitutionnelle, soit enfin d’une simple modification de la loi organique. Toujours est-il que le sujet fait débat, c’est même une lapalissade. Mais en attendant, c’est l’incertitude quant à l’avenir du corps électoral calédonien, comme de la date des prochaines élections provinciales, fixées théoriquement à l’an prochain. Et comme en période d’incertitude, il vaut mieux prévenir que guérir. C’est en ce sens qu’une association comme « Un cœur, une voix » a appelé les exclus à s’inscrire en masse sur les listes électorales dans les mairies de leur résidence. Certains ont peut-être trouvé la démarche quelque peu curieuse, puisque l’on nous dit que le corps électoral sera dégelé. Mais en attendant, même les indépendantistes s’y mettent. Dans un communiqué publié hier, l’Union Calédonienne « appelle l’ensemble de ses militants et de ses structures à continuer la mobilisation d’inscription sur la liste électorale spéciale provinciale, avant le 30 décembre 2023, en renforçant les initiatives auprès de nos concitoyens et notamment ceux figurant encore sur le tableau annexe ». Dans son style inimitable, l’UC estime que « l’État est plus préoccupé́ par les Français qui arrivent en Kanaky, en tentant de dégeler le corps électoral, que les habitants de ce pays qui ne sont pas inscrits sur la LESP. Pour l’Union Calédonienne, « l’anomalie », c’est que 25 ans après la signature de l’ADN, plus de 5 000 kanak figurent sur le tableau annexe et ne sont toujours pas reconnu dans la nouvelle identité ».
Nicolas Vignoles