Les tragédies n’ont souvent pas besoin de trois actes pour se nouer, quelques secondes suffisent. Un temps infinitésimal au cours duquel les destins basculent dans le drame, les larmes et le deuil. La cour d’assises de Nouméa vient de juger l’un de ces épouvantables moments ou des hommes et des familles basculent dans l’horreur et dans les faits divers. Cette scène, dont jamais les conséquences ne s’effaceront, n’aurait jamais dû se produire ni exister. Et voilà deux hommes dont le chagrin va perdurer : le tireur alourdi d’un remord qui ne s’allégera pas, et un père assommé par la perte d’un fils, mort d’avoir emprunté les mauvais sentiers. Le drame tient à ce que ces destins étaient alors ceux de gens ordinaires, ayant construit leur vie avec courage ou comme ils avaient pu, et dont la vie n’aurait dû être secouée que par les alésa et les aspérités ordinaires aux humains. Au lieu de cela, ils se sont vus traîner dans le prétoire pour l’un à défendre une mémoire indéfendable et pour l’autre à revivre ces instants qu’il n’aurait pas voulu vivre. Tout ça parce que dans la tranquillité de Port-Ouenghi, une nuit de février a connu quelques secondes de trop.