Un jeune homme, multirécidiviste, a été condamné par le tribunal correctionnel de Nouméa après avoir tenté, avec des complices, de voler le fourgon du centre médical avant d’y mettre le feu.
Ils avaient exprimé leur colère auprès des autorités, menaçant de bloquer le dispensaire, la mairie ou la gendarmerie. A Kouaoua, la situation était particulièrement tendue à la fin du mois de mai 2021 lorsqu’une famille avait partagé son incompréhension après s’être vue refuser de récupérer le corps de l’un des leurs, décédé quelques jours plus tôt dans des conditions mystérieuses. Pour faire toute la lumière sur cette affaire, le parquet de Nouméa avait ouvert une enquête et ordonné une autopsie du corps pour s’assurer des causes de la mort. Mais quatre jours après le décès, les médecins légistes n’avaient toujours pas réalisé d’examen post-mortem, ce qui avait fortement agacé certains des proches de la victime.
Le 21 mai, vers 3 heures du matin, cinq d’entre eux quittent la coutume de deuil dans la tribu et se rendent au village avec l’idée de mettre à exécution leurs menaces. Les visages cagoulés, les membres de cette équipée se rendent au dispensaire, explosent avec une pierre une vitre du véhicule Peugeot Partner appartenant au centre médical, ouvrent une portière et s’attèlent à faire les fils pour le démarrer. Sans réussite malgré les nombreuses tentatives. Qu’à cela ne tienne, plutôt que de prendre la fuite et d’en rester là, ils incendient le fourgon. Le personnel médical est réveillé en sursaut en pleine nuit par les explosions des pneus.
Libérable en 2026
En seulement quelques jours, l’enquête de la gendarmerie est bouclée, les suspects identifiés et placés en garde à vue. « On s’en est pris au véhicule du dispensaire pour vider notre colère », assume le prévenu. Ce jeune homme de 23 ans, originaire de Poya et qui comparaît détenu à l’audience dans le cadre d’une autre affaire, a changé de version. En garde à vue, il avait totalement nié sa présence le soir des faits. « Je n’y suis pour rien, il n’y a aucune preuve », avait-il maintenu, avant de se rétracter à l’audience. Le procureur de la République Nicolas Kerfridin résume, « d’habitude nous avons des vols de voitures au préjudice de n’importe qui, alors que dans ce dossier, c’est bien le dispensaire qui était visé. La colère les a semble-t-il guidé ». Depuis, le parquet a ramené à exécution huit peines que le jeune homme avait sur son casier judiciaire, éloignant sa libération du Camp-Est en 2026. Suivant les réquisitions du ministère public, le tribunal l’a condamné à six mois de prison ferme et à payer 60 000 francs de préjudice à la province Nord, correspondant à la franchise de l’assurance du véhicule.
Jean-Alexis Gallien-Lamarche