Du 21 octobre au 2 novembre, Caroline Degroiselle présente sa nouvelle exposition à la Galerie Arte Bello, « Ma nouvelle page de vie en couleurs ». L’occasion de souligner en beauté ses 40 ans de carrière.
C’est en 1983 que la peintre présente sa première exposition. « J’étais toute jeune, se remémore-t-elle. Très vite à l’époque, j’ai décollé en allant au Japon, en étant sélectionnée pour de grands salons, en rencontrant des galeristes… Ça a explosé très vite. Mais je suis toujours restée ici, j’ai toujours peint ici, tout en proposant mes œuvres ailleurs. Je pense que c’est important, non pas de se comparer, mais de voir autre chose ». La peintre se souvient que les choses fonctionnaient différemment avant: se déplacer ne se faisait pas aussi facilement qu’aujourd’hui. Ainsi, elle envoyait ses tableaux et ceux-ci revenaient quelques mois après, « parfois avec une médaille… Je me disais « mais qu’est-ce que c’est que ces médailles ? », se rappelle-t-elle en souriant.
S’inspirer au gré de la vie
Après 40 ans de carrière, comment se renouvelle-t-on ? Est-ce simple de trouver un nouvel élan d’inspiration après tant d’années ? « Des fois, j’ai des doutes, parce que l’inspiration, je pense qu’on a ça en soi, explique Caroline Degroiselle. Pour moi, c’est un dilemme de savoir si je vais encore m’étonner. La technique, je l’ai. Mais peindre la même chose, ce n’est pas intéressant…Enfin, plutôt, peindre de la même manière. Je n’ai jamais voulu tomber dans un maniérisme. On reconnaît mon écriture, et c’est important, ça a toujours été ma force, mais je serai incapable de refaire ce que j’ai fait il y a 20 ans, parce que je rajouterai quelque chose. Je n’avais pas l’évolution et la maturité d’une femme de 60 ans. Et j’ai vu l’évolution, quand j’ai commencé et que j’avais une vingtaine d’années, puis trente ans, puis devenir maman, puis quarante ans… En fait, la peinture est un carnet de vie. C’est comme l’écriture. Un romancier n’écrit pas son premier roman comme il écrit son dernier ». Au-delà du maniérisme, il y a aussi les attentes extérieures : « j’ai été connu par les natures mortes, et après on me demandait sans cesse d’en refaire, souligne-t-elle. Mais j’ai répondu que je pouvais faire autre chose. Donc j’ai osé faire ce dont j’avais vraiment envie de faire, c’est-à-dire des carnets de voyage en fonction de mes expériences de vie ». Basée en Nouvelle-Calédonie, Caroline Degroiselle se dit « forcément » inspirée par la mer. Mais elle trouve également son inspiration dans les paysages de la côte bretonne. « Entre vous et la peinture, c’est un dialogue, affirme l’artiste. Partir à l’aventure, c’est accepter de ne pas être le maître de la peinture. C’est un jeu d’humilité. Il faut accepter de lâcher-prise sur son art, et comprendre que ce n’est jamais un échec. Une tâche qui tombe sur votre toile, vous vous dites que c’est gâché, et pourtant, cette tâche va peut-être être le chemin de quelque chose qui va donner tout l’éclat au tableau. Mais il faut lui donner sa chance… Et c’est ça le dialogue ».
Transmettre sa passion
« Depuis deux ans, j’anime des ateliers individuels d’éveil artistique, confie-t-elle. D’ailleurs, après mon exposition, il y aura une exposition de six de mes élèves… ou plutôt mes artistes, je n’aime pas le mot élève. Ils exposeront à la Galerie Arte Bello à la fin novembre, nous aurons l’occasion d’en reparler. Ils ont leur propre style, ce sont des personnes qui partent à l’aventure. Car ce ne sont pas des cours, c’est plutôt une expression, un départ à l’aventure. C’est un régal pour moi, de pouvoir partager cela ».
Kim Jandot