Arras poignardée, la France meurtrie, en deuil pleure Dominique Bernard, prof agrégé de Lettres, assassiné. C’est loin la France, et on y pense trop souvent que pour lui soutirer de l’argent et nous sauver de la banqueroute. Aussi, maintenant, dans ces heures sombres et inquiètes, faudrait-il y songer pour lui exprimer notre compassion et notre soutien. Nos rivages lointains et notre beau récif nous épargnent bien des maux de notre monde, ainsi du terrorisme, aussi avons-nous cette coupable propension à ne pas y faire attention, et faire comme si ce monde-là, de haine et de violence, ne nous concernait pas. Dominique Bernard, comme Samuel Paty avant lui et les quelques 300 de nos compatriotes tués par des terroristes depuis 10 ans, sont les victimes d’une idéologie qu’il faut combattre sans faille, où que nous nous trouvions et qui que nous soyons. C’est l’avenir de notre société, de notre civilisation, de cette vision du monde à laquelle nous croyons, qui est en jeu et que des Tchétchènes de 20 ans que la France accueille, veulent abattre. Alors oui, pour toutes les bonnes raisons du monde que l’on peut avancer sans honte, on peut faire comme si de rien n’était, et poursuivre notre chemin sans modifier le parcours, mais ne nous étonnons pas alors, si un jour on vient nous demander : « et toi où étais-tu et qu’as-tu fait ? ».
Nicolas Vignoles