Arrivé il y a deux mois sur le territoire avec sa compagne, pour travailler (comme éducateur spécialisé auprès des jeunes) tout en découvrant le pays, ses habitants et leur culture, le rugbyman de 26 ans s’est rapidement fait une place de choix au sein de la meilleure équipe du territoire, l’Olympique.
Samedi, au poste d’ouvreur, avec dans le dos le numéro 10, il s’est montré décisif en demi-finale du championnat contre le Mont-Dore (21-7), et pourrait à nouveau l’être lors de la finale face au Crec, le 21 octobre.
Son adaptation dans l’effectif nouméen n’a pas été longue. « J’ai eu la chance d’être bien intégré assez rapidement, on m’a fait une place, j’ai senti toute l’équipe hyper bienveillante et accueillante, donc ça a facilité forcément l’adaptation dans le jeu », même si sur ce point « il a fallu un petit temps quand même » parce que le rugby pratiqué ici « n’est pas forcément le même » qu’en Métropole, où il faut « suivre un cadre de jeu et une stratégie, alors qu’ici ça joue au rugby tout simplement, un rugby total, et c’est plutôt plaisant ». Sur le terrain, il y a eu besoin de travailler les automatismes avec les autres membres du groupe. Le problème a été vite réglé. « Dès l’instant qu’il y a du plaisir autour du ballon, les automatismes se créent et on crée finalement une alchimie au sein de l’équipe », résume Guillaume, qui a déjà hérité d’un surnom, « Guiche ».
Il n’est pas surpris de se sentir déjà à l’aise. « Il y a un truc qui est transposable aux quatre coins du globe, c’est l’esprit rugby, l’esprit famille. Finalement, on a tous quelque chose qui nous unit et c’est ce ballon » ovale. L’ouvreur (numéro 10), qui peut évoluer au centre (12 ou 13), joue au rugby en Calédonie « pour à la fois continuer à pratiquer ce sport qui me plaît, mais aussi pour rencontrer du monde, et je trouve qu’il n’y a pas meilleur vecteur de lien social que le sport en général et le rugby en particulier ». Bonus : à l’Olympique, comme dans d’autres équipes, il y a « tout un tas de personnes issues de différents univers, de cultures différentes ». C’est enrichissant.
« Un joueur complet »
L’entraîneur de l’Olympique, Sanua Manuopuava, se frotte les mains. « Je ne me faisais pas de film sur la personne, j’attendais de voir ce qu’il allait donner à l’entraînement. » Le résultat est positif. « C’est quelqu’un qui est très ouvert : au bout d’une semaine, il connaissait tout le monde ! Il s’est très bien intégré, on l’a très bien intégré aussi dans le groupe, et il nous partage beaucoup de son expérience », ce qui est bénéfique parce que « c’est un peu le jeu où je veux emmener l’Olympique, avec des passes dans le dos et tout ça, cette harmonie, cette alternance entre jeu des arrières et des avants », développe l’ancien pilier. « De plus, il a un bon pied. Et il est très bon défensivement. C’est un joueur complet, une bonne recrue », qui samedi a passé, avec son pied gauche, une transformation et trois pénalités, offrant des points précieux à son équipe lors d’une demi-finale qui aurait pu, sans cette réussite face aux perches, mal tourner.
Ancien de Fédérale 1
Guillaume Terpant, qui a rejoint l’équipe en août (suivant les conseils d’un ancien joueur du club, qu’il a connu en Métropole, Jonathan Bel), a disputé la phase retour du championnat (quatre matchs) puis la demi-finale, où il n’a pas craqué sous la pression. Pas étonnant quand on s’intéresse au parcours du jeune homme, qui joue au rugby depuis deux décennies (il a commencé à l’âge de 4 ans) et qui a connu un bon niveau puisqu’il a évolué « en Fédérale 1 », c’est-à-dire la troisième division française, « pendant quatre ans » au club d’Annonay, au sud de Lyon. « Je suis vraiment venu ici pour jouer au rugby pour le plaisir, parce qu’en Métropole en Fédérale 1 ça demandait quand même pas mal d’exigence, de rigueur et d’assiduité aux entraînements », d’autant que sa progression a été stoppée par une blessure contractée en match il y a deux ans (double fracture du péroné de la jambe gauche). Depuis un an, ça va mieux, et dernièrement il y a de « bonnes sensations ». Elles ne sont pas de trop pour briller dans un rugby calédonien pas si simple à dompter. « Je suis agréablement surpris, parce qu’il y a un niveau quand même assez soutenu, avec des gabarits impressionnants, de très bonnes individualités » et « des jeunes joueurs avec un gros potentiel qui pourraient tendre vers un niveau supérieur », analyse le numéro 10 de l’Olympique, « content » de son arrivée réussie dans le XV de l’Olympique, club qui jouera dans onze jours une neuvième finale consécutive, en quête d’un quatrième sacre d’affilée.
Anthony Fillet