Dans la nuit de mercredi à jeudi, le local de la compagnie aérienne domestique, situé à Wé, a brûlé alors que les blocages perdurent et paralysent une partie du trafic aérien depuis de longues semaines. Les employés d’Air Calédonie ont exprimé leur inquiétude et leur soutien lors d’un débrayage.
La nuit de mardi à mercredi a viré au cauchemar. Vers 2 heures du matin, au village de Wé, dans le centre de Lifou, les flammes ont commencé à ravager l’agence d’Air Calédonie. Si l’incendie a été maîtrisé par les pompiers mobilisés sur place, les images publiées sur les réseaux sociaux laissent entrevoir l’ampleur des dégâts. Les murs sont noirs, la devanture est détruite et le logo de la compagnie aérienne est dorénavant presque illisible. « L’agence est détruite aux trois-quarts », précise une source alors que la gendarmerie a dépêché sur place un technicien en investigation criminelle pour déterminer les causes de cet incendie. Une enquête, diligentée par la brigade de recherches de Nouméa du chef de destruction volontaire d’un bien par incendie ou moyen dangereux, a été ouverte. « Il a était relevé la présence de plusieurs pneumatiques enflammés dans les décombres ainsi qu’un départ du feu plutôt localisé au niveau de la façade en bois, de l’entrée du local », précise le procureur Yves Dupas dans un communiqué, rappelant que « le délit de destruction ou dégradation d’un bien par incendie est puni de dix ans d›emprisonnement ». Et de poursuivre : « Au vu de ces premiers indices, et sous réserve des investigations en cours, l’hypothèse criminelle est privilégiée ».
« On souffre depuis pas mal de temps »
« Les locaux sont totalement inutilisables », déplore Marion Gentelet, directrice marketing au sein de la compagnie aérienne domestique. Quatre employés travaillent habituellement dans cette agence. « Elles ont été prévenues cette nuit, elles se sont déplacées, elles ont vu leur outil de travail brûler sous leur yeux », poursuit-elle, évoquant « une attaque très directe et violente ».
Cet incident intervient en plein conflit alors que les associations et collectifs d’usagers des différentes îles ont multiplié les blocages à l’île des Pins, à Lifou et à Maré depuis début août, avant le début d’une action simultanée et illimitée le 26 septembre dernier. Dès lors, dans l’esprit des employés, le lien est difficilement évitable. Un débrayage a d’ailleurs été réalisé, jeudi matin, sur le parvis de l’aérodrome de Magenta. « On souffre depuis pas mal de temps déjà. On s’est réuni pour se soutenir, pour discuter et pour apporter notre soutien à nos collègues qui ont perdu leur bureau, qui sont choqués, poursuit Marion Gentelet. Pour l’instant, on est dans le présent, sur le travail psychologique. »
Claire Gaveau