Hier, toute la journée, les agents du service de la vie citoyenne à la mairie de Nouméa étaient habillés en blanc, et portaient un badge, pour alerter sur les tensions qu’ils subissent régulièrement de la part du public.
Les sourires n’ont pas disparu des visages, car c’est la meilleure des manières de remplir leur mission: l’accueil du public. Pour autant, l’humeur, hier, n’était pas à la plaisanterie dans les locaux de l’Hôtel de Ville, car le sujet est grave. Le 27 septembre, un chef de service s’est fait agresser (étranglement contre un mur puis projection au sol) par un administré qui n’appréciait pas de devoir patienter, alors que lui-même était arrivé au rendez-vous avec une dizaine de minutes de retard. C’est le deuxième incident de ce type sur les douze derniers mois, puisqu’en fin d’année dernière un adjoint au chef de service a reçu un coup de tête de la part d’un individu qui exigeait qu’on traite sa demande immédiatement, et ce même s’il n’avait pas rendez-vous.
« Les mots durs du quotidien »
« La violence physique, ça reste quand même extrêmement rare. On accueille quasiment 200 000 personnes à l’année à l’Hôtel de Ville, donc deux agressions en un an il faut quand même relativiser », désamorce Alan Boufenèche, directeur de la vie citoyenne, éducative et sportive, qui relève toutefois une tension plus importante depuis la période du Covid-19. En réalité, chacune de ses agressions ont été « la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », celui-ci étant déjà plein car « il y a ce qu’on appelle tous les mots durs du quotidien », avec certaines personnes qui « sont tout de suite dans l’énervement, l’insulte rapide, le rabaissement de la personne en face ». Certes, « les agents ont des sessions de formation, très régulièrement, pour apprendre à gérer l’interaction avec un public difficile », et « un seuil de tolérance » avant de passer le relais à leurs supérieurs, mais ce n’est pas toujours évident à vivre. Heureusement, insiste Alan Boufenèche, à la mairie de Nouméa il y a « une super équipe », composée d’agents qui « ont face » et qui « font corps ». Et comme « ils ne veulent pas tomber dans la noirceur dans laquelle on nous amène », ils ont décidé, pour la journée d’hier, de poursuivre leur travail (au lieu de fermer le service) mais en marquant le coup, en portant des vêtements blancs et un badge sur lequel on pouvait lire : « Hier, en faisant mon travail, je me suis fait insulter ».
Anthony Fillet