« A la vitesse où l’on va, on aura perdu 80 % de la population dans trente ans »

Sauvons les roussettes ! C’est le message délivré par la province Nord, inquiète de la situation.

Le message pourrait être difficilement plus clair. « La province Nord engage d’importants moyens de communication et de sensibilisation pour faire connaître le déclin actuel de la population de roussettes et rappeler la réglementation au travers du programme Horizon roussettes », disponible sur le site internet de l’institution. « Malgré cela, plusieurs braconniers ont été pris en flagrant délit en 2022 », regrette la province. « Deux des affaires de l’année dernière viennent d’être jugées par le tribunal de Koné : une affaire impliquant deux braconniers (deux roussettes) sanctionnés d’un montant de 450 000 francs », et « une affaire impliquant trois braconniers (trois roussettes) sanctionnés d’un montant de 550 000 francs ». Ce n’est pas tout. « Pour chacune de ces affaires, les sanctions prononcées par le tribunal incluent 50 000 francs pour le préjudice écologique par roussette tuée et 250 000 francs pour le préjudice moral au profit de la province Nord. Chaque braconnier a également été sanctionné d›une amende délictuelle de 50 000 francs », est-il détaillé. Le combat ne fait que commencer. « La province Nord continuera de se constituer partie civile et demandera réparation du préjudice écologique et moral pour l’ensemble des affaires de braconnage à venir », prévient-elle, avant de rappeler « qu’en plus de ces dommages et intérêts, les contrevenants encourent une amende pénale pouvant dépasser 1 million de francs, ainsi que la saisie des armes, munitions, véhicules et autre matériel ayant servi à commettre l’infraction ou y étant destinés ».

La chasse est fermée

N’oublions pas que « les roussettes sont des espèces protégées en province Nord. Leur chasse est actuellement interdite jusqu’aux week-ends du mois d’avril 2024 ! En chassant les roussettes en ce moment (à l’encontre de la règlementation), notamment dans les fleurs d’érythrines, vous participez au déclin de ces espèces. Actuellement, les roussettes femelles portent leurs petits dans leur ventre et commencent à mettre bas. » Dans ce contexte, « les contrôles vont être renforcés sur l’ensemble du territoire provincial ».

Pour Jean-Jérôme Cassan, chef du service impact environnemental et conservation au sein de la Direction du développement économique et de l’environnement (DDEE) de la province Nord, « la situation à l’heure actuelle » est inquiétante, et pourrait le devenir davantage. « A la vitesse où l’on va, on aura perdu 80 % de la population dans trente ans », résume Jean-Jérôme Cassan, s’appuyant notamment sur les travaux réalisés par Malik Oedin, chargé de la conservation de la faune sauvage à la DDEE. Pour la province Nord, le nombre actuel de roussettes est estimé à « 600 000 individus ». Chaque année, « plus de 50 000 » sont chassés par l’Homme, et environ « 40 000 » le sont par des chats retournés à l’état sauvage. S’il est difficile d’agir sur ce second point, il est possible de le faire sur le premier point. Dans l’idéal, il ne faudrait pas dépasser, en province Nord, un total de « 15 000 » roussettes tuées par an par l’Homme, sachant qu’il en naît environ 70 000 chaque année dans le Nord.

Cinq propositions

La problématique n’est pas simple, car d’après une étude récente il a été défini que « la roussette est culturellement et socialement importante pour toutes les communautés », en particulier le monde Kanak. Dans cette histoire, il suffirait, pour que la situation n’empire pas, voire qu’elle s’arrange, « que les gens rationalisent leur comportement ». Si cela peut être fait « par rapport à l’environnement plutôt que par rapport à la peur des gendarmes », ce serait mieux, sachant que les chasseurs sont dans le viseur mais également les consommateurs…

Sur le sujet, la réflexion se poursuit. « Un groupe de citoyens de la province Nord » s’est penché sur la question et a fait « cinq propositions » qui doivent maintenant être étudiées, confie Jean-Jérôme Cassan. L’une des mesures imaginées consisterait en une mise en place d’un quota. Cela ne suffira peut-être pas à sauver les roussettes, mais déjà « cela aiderait beaucoup ».

Une espèce précieuse

Si la roussette venait, à terme, à disparaître du territoire, serait-ce un drame ? Oui, répond Jean-Jérôme Cassan. Pourquoi ? Car ce « mammifère », l’un des seuls en Calédonie, « joue un rôle essentiel dans le renouvellement des forêts ». En effet, les roussettes (il en existe quatre types dans le Nord), par leurs déplacements, permettent de « disperser des graines de certaines plantes indigènes et endémiques », et de polliniser les fleurs. Si ce travail n’est pas fait par les roussettes, qui le fera ? Les cerfs et les cochons sauvages ? Ce n’est pas certain. Et même si c’était le cas, ce serait probablement effectué avec une efficacité moindre.

A.F.

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